(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre de l’Intérieur, le général Abelardo Colomé Ibarra, RSF a protesté contre l’interpellation du journaliste indépendant Omar Rodríguez Saludes, directeur de l’ANP (Agencia Nueva Prensa). L’association a également protesté contre le harcèlement dont est victime Luis Alberto Rivera Leyva, directeur de l’APLO (Agencia de Prensa Libre Oriental), basée […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre de l’Intérieur, le général Abelardo Colomé Ibarra, RSF a protesté contre l’interpellation du journaliste indépendant Omar Rodríguez Saludes, directeur de l’ANP (Agencia Nueva Prensa). L’association a également protesté contre le harcèlement dont est victime Luis Alberto Rivera Leyva, directeur de l’APLO (Agencia de Prensa Libre Oriental), basée à Santiago de Cuba (est de l’île). Ce journaliste a été menacé, interpellé et placé en résidence surveillée à huit reprises depuis le mois de juillet 2000. RSF a demandé au ministre de l’Intérieur de mettre fin au harcèlement quotidien dont sont victimes les journalistes indépendants à Cuba. « Ces pressions quotidiennes ont pour seul but de réduire les journalistes indépendants au silence ou de les contraindre à l’exil », a expliqué Robert Ménard, secrétaire général de RSF. Depuis le 1er janvier, dix-neuf d’entre eux se sont exilés, et vingt-six ont été interpellés.
Selon les informations recueillies par RSF, des agents de la Sécurité d’État (police politique) se sont présentés au domicile de Rodríguez Saludes le 9 novembre. Ils ont fouillé sa demeure avant de le conduire à la sixième unité de la Police nationale. Il a ensuite été transféré dans un centre de la Sécurité d’État avant d’être libéré dans la nuit. La nouvelle de son arrestation a été communiquée par son fils âgé de 9 ans, présent lors de l’interpellation. Rodríguez Saludes avait déjà été placé en résidence surveillée, en février, en raison de ses activités de journaliste (consulter l’alerte de l’IFEX du 25 février 2000).
Par ailleurs, le 6 novembre, Rivera Leyva a été convoqué par la Sécurité d’État, qui l’a accusé de diffamation et lui a proposé d’abandonner les poursuites engagées contre lui s’il cessait ses activités journalistiques. Depuis le mois de juillet, Rivera Leyva a été interpellé, assigné à résidence et menacé à plusieurs reprises (consulter l’alerte de l’IFEX du 22 août 2000).
Cuba est aujourd’hui le seul pays d’Amérique latine où le gouvernement, en décrétant que la liberté de la presse doit être « conforme aux objectifs de la société socialiste », exerce un contrôle total sur l’information parvenant à la population. C’est également le seul pays de la région où des journalistes sont actuellement emprisonnés. Ils sont trois : Bernardo Arevalo Padron, fondateur de l’agence de presse indépendante Línea Sur Press, Manuel Antonio Gonzáles, correspondant de l’agence de presse indépendante Cuba Press, et Jesús Joel Díaz Hernández, journaliste pour l’agence CAPI (Cooperativa Avileña de Periodistas Independientes) (consulter les alertes de l’IFEX des 25 juillet, 28 juin, 11 avril et 9 février 2000, 10 décembre, 22 octobre, 17 juin, 19 mai, 3 février et 29 janvier 1999, 16 octobre et 21 septembre 1998, parmi d’autres).
Pour maintenir cet état de fait, les autorités comptent aussi bien sur la répression pure et dure que sur l’isolement social des journalistes indépendants. L’arsenal répressif mis en place par le gouvernement est diversifié : depuis les saisies de matériel et autres entraves au travail des journalistes indépendants, à leur arrestation et condamnation à de lourdes peines de prison. Le département de la Sécurité d’État est le principal exécutant de cette politique dont l’objectif est de ne laisser le « choix » à ces journalistes qu’entre la prison et l’exil.