La liberté de la presse, qui a été durement gagnée en Tunisie, est désormais menacée. En effet, plusieurs journalistes se trouvent aujourd'hui pris en tenaille, entre la violence des extrémistes, et l'hypersensibilité aux critiques des services de sécurité, perceptible particulièrement à l'aune des attentats meurtriers.
Ce qui suit est un extrait d’un rapport spécial du CPJ, écrit par Safa Ben Said, publié le 27 octobre 2015.
La Tunisie a inspiré les soulèvements populaires qui ont balayé le monde arabe en 2011. Aujourd’hui, elle est porteuse d’espoir d’une démocratie stable, au moment où, plusieurs de ses voisins se sont plongés dans la répression brutale ou se sont enlisés dans des conflits armés. Le pays a surmonté d’importants défis grâce à un compromis politique entre les partis séculaires et religieux, facilitant ainsi l’adoption d’une constitution progressive en 2014 et l’organisation d’élections libres et équitables. De sa part, la société civile Tunisienne a lutté sans relâche pour préserver les acquis du soulèvement populaire dans les domaines des droits civils, politiques et humains, notamment la liberté de la presse.
Mais ces avancées durement gagnées en matière de liberté de la presse se sont érodées et sont encore plus menacées depuis que deux attentats terroristes majeurs perpétrés cette année ont tué plus de 60 personnes et ont augmenté les craintes pour la sécurité. Depuis ces attentats, le gouvernement – dirigé par le parti séculaire de Nidaa Tounes qui l’a emporté sur le parti religieux Ennahda lors des élections présidentielles et parlementaires de 2014 – a introduit une nouvelle législation qui pourrait être utilisée abusivement pour réduire les médias au silence. Les services de sécurité sont sensibles aux critiques, ce qui conduit au harcèlement juridique de journalistes critiqueurs voire même à des agressions physiques et à des menaces envers ceux qui exercent leur fonction de journaliste. Les journalistes sont aussi menacés par les extrémistes islamistes, et la presse est ainsi prise en tenaille entre les terroristes et ceux qui prétendent lutter contre le terrorisme – un problème fréquent rencontré par les journalistes du monde entier, selon le CPJ.
Lire le rapport complet ici.