La liste de la FIJ pour 2015 énumère les noms des 109 journalistes et collaborateurs des médias tués dans 30 pays, ainsi que des 3 collègues décédés accidentellement.
Cet article a été initialement publié sur ifj.org le 31 décembre 2015.
2015 marque une nouvelle année meurtrière pour les journalistes, avec au moins 109 journalistes et collaborateurs des médias tués dans des assassinats ciblés, des attentats à la bombe ou sous le feu de tirs croisés, selon le rapport annuel publié aujourd’hui par la Fédération internationale des journalistes (FIJ).
La liste de la FIJ pour 2015 énumère les noms des 109 journalistes et collaborateurs des médias tués dans 30 pays, ainsi que des 3 collègues décédés accidentellement. Elle marque une légère baisse par rapport à l’année dernière, durant laquelle 118 meurtres et 17 accidents ont été enregistrés.
Cette année, le continent américain dénombre le plus de victimes et recense 27 morts. Pour la deuxième année consécutive, le Moyen-Orient arrive en deuxième position, avec 25 décès. L’Asie-Pacifique vient en troisième position, avec 21 morts, des chiffres en baisse par rapport à l’année dernière en raison du fort déclin de la violence au Pakistan. L’Afrique est à la quatrième place avec 19 morts, suivie par l’Europe avec 16 morts.
2015 a été marquée, notamment, par une augmentation des attaques terroristes ciblées contre les journalistes. Les journalistes français ont payé un tribut disproportionné lorsque des terroristes ont abattu des travailleurs des médias au siège du magazine satirique français Charlie Hebdo à Paris. Aux États-Unis, le meurtre par un ex-employé mécontent de deux anciens collègues de la télévision US WDBJ, en Virginie, a eu lieu en direct devant un public mondial.
« Je réitère une fois de plus mon appel au Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, et aux responsables des agences des Nations Unies pour qu’ils appliquent les lois internationales protégeant les journalistes », a indiqué Jim Boumelha, président de la FIJ. « Les attentats à Paris ont choqué la communauté internationale et montré la tragédie du massacre des journalistes à travers le monde, illustrant le fait que notre profession est la seule à payer de manière aussi lourde le fait d’exercer son travail », a déclaré Boumelha.
« Malheureusement, des dizaines de meurtres n’ont pas fait l’actualité et à défaut d’être un correspondant permanent renommé, le monde remarque à peine ces disparitions tragiques. Le journalisme est passé quotidiennement au fil de l’épée dans de nombreuses régions du monde, où les extrémistes, les barons de la drogue et des factions belligérantes implacables continuent à assassiner nos collègues en toute impunité ».
Au Moyen-Orient, la FIJ a enregistré en Irak et au Yémen une escalade de la violence perpétrée par des extrémistes et ciblant les professionnels des médias. Dans ces deux pays, on note un pic de meurtres et d’enlèvements, essentiellement de journalistes locaux couvrant l’actualité de leurs villes, leurs communautés et leurs pays.
En Amérique latine, les meurtres sont pour la plupart imputables aux seigneurs de la drogue qui opèrent aux frontières, notamment au Mexique, mettant les journalistes qui enquêtent sur le trafic de drogue dans la région dans une situation des plus risquées.
Dans la région d’Asie-Pacifique, la FIJ relève une spirale d’hostilité envers les travailleurs des médias aux Philippines, où 7 journalistes ont été tués, faisant du pays l’endroit le plus meurtrier dans la région. La Fédération est particulièrement préoccupée par l’état d’impunité qui entoure les meurtres de professionnels des médias dans ce pays.
La FIJ, qui publiera en janvier 2016 son 25ème rapport intégral sur les journalistes et professionnels des médias tués, déclare que la dynamique créée ces dernières années afin de promouvoir une plus grande protection des médias se doit d’aboutir à de véritables avancées dans la diminution de la violence perpétrée à l’encontre des professionnels des médias.
La Fédération exhorte l’ONU à prendre des mesures concrètes dans le cadre de son Plan d’Action pour la Sécurité des Journalistes et à se positionner fermement contre l’impunité des crimes à l’encontre des journalistes. Cette année, la FIJ a mené une campagne de 3 semaines pour tenir les gouvernements responsables du déficit d’enquêtes sur les crimes commis contre les journalistes qui mène à l’érosion de la liberté d’expression dans le monde.
La Fédération a aussi été l’une des principales instigatrices de la Plateforme en ligne du Conseil de l’Europe pour renforcer la protection du journalisme et la sécurité des journalistes. Cette Plateforme est désormais devenue l’un des observatoires les plus fiables d’enregistrement des violations des droits des journalistes en Europe, avec pour objectif l’amélioration de leur sécurité.
« Les rapports de la FIJ de ces 25 dernières années ont clairement montré que les journalistes et les professionnels des médias sont devenus des cibles faciles car nous constatons très peu de respect des lois nationales et internationales censées les protéger » a ajouté Anthony Bellanger, secrétaire général de la FIJ. « Les niveaux de violence atteints à l’encontre des professionnels des médias tirent une sonnette d’alarme. C’est l’occasion de prendre des mesures drastiques pour appliquer ces dispositions légales, et nous ne devons pas passer à côté. »
Les statistiques sur les homicides de journalistes et de professionnels des médias sont les suivantes :
En date du 31 décembre 2015, la FIJ a enregistré les cas d’homicides suivants :
– Assassinats ciblés, attaques à la bombe et décès suite à des tirs croisés : 109
– Accidents et morts suite à des catastrophes naturelles : 3
– Nombre total de morts : 112
Les pays au plus haut taux d’homicides de professionnels des médias sont :
France : 11
Irak : 10
Yémen : 10
Mexique : 8
Inde : 7
Philippines : 7
Honduras : 6
Sud Soudan : 6
Syrie : 5
Le journalisme est passé quotidiennement au fil de l’épée dans de nombreuses régions du monde, où les extrémistes, les barons de la drogue et des factions belligérantes implacables continuent à assassiner nos collègues en toute impunité.
Les rapports de la FIJ de ces 25 dernières années ont clairement montré que les journalistes et les professionnels des médias sont devenus des cibles faciles car nous constatons très peu de respect des lois nationales et internationales censées les protéger.