Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF daté du 14 mars 2000: Colombie : RSF demande aux FARC des explications sur l’existence d’un plan pour assassiner le journaliste Francisco Santos Dans une lettre adressée à Manuel Marulanda, commandant en chef des Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC – marxistes), Reporters sans frontières (RSF) affirme être […]
Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF daté du 14 mars 2000:
Colombie : RSF demande aux FARC des explications sur l’existence d’un plan pour assassiner le journaliste Francisco Santos
Dans une lettre adressée à Manuel Marulanda, commandant en chef des Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC – marxistes), Reporters sans frontières (RSF) affirme être « vivement préoccupée après qu’un plan attribué à des membres des FARC et qui visait à assassiner Francisco Santos a contraint ce dernier à l’exil ». L’organisation internationale de défense de la liberté de la presse a demandé au leader du groupe armé « d’apporter des explications » sur cette tentative d’assassinat. L’organisation a également sommé Marulanda de « mettre fin aux violations de la liberté de la presse commises par les FARC » jugées
« incompatibles avec le processus de paix engagé en Colombie ». RSF a de nouveau exigé la libération de Guillermo Cortés, directeur du conseil éditorial du journal télévisé « Hora Cero », séquestré par le groupe armé depuis le 22 janvier 2000.
Le 11 mars, Santos, rédacteur en chef du quotidien El Tiempo, a quitté la Colombie après que les autorités ont confirmé l’existence d’un plan qui visait à l’assassiner. Ce plan serait commandité par Henry Castellanos, connu sous le nom de « Romaña », un leader des FARC opérant dans le centre du pays et qui est à l’origine de nombreux kidnappings. Hugo Coscuez Manchí, chef du « Front 22 » des FARC, ainsi que des organisations criminelles auraient également participer à l’élaboration de ce projet d’assassinat.
Président de la fondation « Pays libre » (País Libre) qui lutte contre les enlèvements, Santos paierait ainsi le prix de son engagement et ses prises de position contre les kidnappings commis notamment par les FARC dans le but de financer la lutte armée. Santos avait créé la fondation « Pays libre » après avoir été séquestré pendant huit mois par Pablo Escobar en 1990. Au cours des douze derniers mois, cette fondation a recensé 3000 enlèvements dont les rançons auraient rapporté près de 200 millions de dollars (autant d’euros) à leurs auteurs.
Dans une lettre adressée le 17 février à Raúl Reyes, porte-parole des FARC, RSF avait déjà dénoncé les nombreuses violations de la liberté de la presse commises par cette organisation. Le 3 décembre 1999, Pablo Emilio Medina, cameraman de la chaîne de télévision TV Garzon, dans le département de Huila, avait été abattu par des membres de ce groupe armé. Au cours des deux dernières années dix-sept journalistes ont été enlevés par les FARC, le plus souvent pour contraindre les médias à diffuser un communiqué de presse ou à dénoncer les exactions commises par les Autodéfenses unies de Colombie (paramilitaires – extrême droite). Le dernier d’entre eux, Cortés, a été enlevé le 22 janvier, vraisemblablement en vue d’exiger une rançon. Dans sa lettre à Reyes, RSF avait également condamné les déclarations de Marulanda du 29 janvier qui faisait état de « dettes » des patrons de presse envers les FARC et menaçait de « leur demander des comptes ».
RSF rappelle que sept journalistes ont été tués en 1999 en Colombie et au moins neuf autres ont été contraints à l’exil après avoir reçu des menaces des différents groupes armés. Au total, cinquante-huit journalistes ont été tués dans ce pays au cours des dix dernières années.