(RSF/IFEX) – RSF a exprimé sa préoccupation alors que cinq journaux locaux du département de Santander (nord-est du pays) ont fait l’objet de menaces de la part des paramilitaires des Autodéfenses unies de Colombie (AUC), le 8 juillet 2002. « Il est temps que les groupes armés cessent de considérer les journalistes comme des cibles et […]
(RSF/IFEX) – RSF a exprimé sa préoccupation alors que cinq journaux locaux du département de Santander (nord-est du pays) ont fait l’objet de menaces de la part des paramilitaires des Autodéfenses unies de Colombie (AUC), le 8 juillet 2002. « Il est temps que les groupes armés cessent de considérer les journalistes comme des cibles et le contrôle de l’information comme un enjeu », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l’organisation, dans une lettre adressée au chef des AUC, Carlos Castaño. RSF a demandé au ministre de l’Intérieur, Armando Estrada Viga, que tous les moyens soient mis en oeuvre pour garantir la sécurité des journalistes. « Il est indispensable que les autorités prennent contact avec les rédactions concernées pour empêcher que de telles intimidations ne dégénèrent en assassinats », a ajouté Ménard.
Par ailleurs, RSF s’est inquiétée de l’enlèvement, par la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), de quatre collaborateurs des médias des stations de radio RCN Radio et Radio Caracol, le 8 juillet. L’organisation a demandé aux FARC de libérer les quatre hommes et de s’engager à respecter l’article 3 des Conventions de Genève qui protège les « personnes ne participant pas directement au conflit ». Depuis 1995, la guérilla aurait enlevé près d’une cinquantaine de journalistes, le plus souvent pour exiger la publication d’information en échange de leur libération.
Dans la guerre que se livrent les AUC, et les guérillas des FARC (marxiste) et de l’Armée de libération nationale (ELN – guévariste), les journalistes sont devenus une cible privilégiée. Pour RSF, Castaño (AUC), Manuel Marulanda (FARC) et Nicolas Rodriguez Bautista (ELN), font partie des trente-huit prédateurs les plus dangereux pour la liberté de la presse dans le monde. Avec une quarantaine de tués depuis 1991, la Colombie est le pays le plus dangereux du continent pour les professionnels de l’information.
Selon les informations recueillies par RSF, dans une interview, publiée dans le quotidien « Vanguardia Liberal » le 8 juillet, le commandant « Alex », du Bloc central des AUC, a déclaré : « Ou [les journaux] arrêtent de jouer avec la douleur de la communauté, ou nous nous verrons dans la pénible nécessité d’exécuter quelqu’un pour qu’ils sachent quelle est la douleur des gens ». Selon « Alex », les menaces ont pour origine le traitement « sensationnaliste » que les publications locales font de l’information dans le port pétrolier de Barrancabermeja, théâtre d’affrontements entre les AUC et la guérilla. Lors d’une conférence de presse, cinq journaux du département de Santander, parmi lesquels les hebdomadaires « La Noticia », « La Tarde », « La Portada », « El Vocero », et le quotidien « Vanguardia Liberal », ont rejeté ces menaces, exigeant des autorités qu’elles garantissent leur sécurité et réaffirment leur droit d’informer.
Toujours selon les informations recueillies par RSF, Luis Eduardo Perdomo et José Rodríguez, respectivement chauffeur et technicien de la station de radio RCN Radio, ainsi qu’Oscar González et Elio Fabio Giraldo, respectivement technicien et chauffeur de la station Radio Caracol, ont été enlevés par des membres présumés de la guérilla des FARC, le 8 juillet, alors qu’ils couvraient le tour cycliste de Colombie, dans le département de Tolima (centre du pays). Valdemar Campos, ingénieur de RCN Radio, a affirmé que l’un des techniciens l’avait appelé depuis un téléphone portable pour l’informer du fait que les guérilleros les retenaient mais que ces derniers ne comptaient garder que le matériel et les véhicules. Le groupe a demandé une somme d’argent en échange du matériel. Contactées par RSF, les deux rédactions ont déclaré que les quatre hommes étaient toujours le 9 juillet. Dans un communiqué commun, RCN Radio et Caracol ont demandé la libération de leurs collaborateurs, « au nom de la liberté d’expression et d’information » et « pour qu’ils continuent leur travail pour le sport colombien ».