(RSF/IFEX) – RSF est vivement préoccupée par l’état de santé des journalistes Adolfo Fernández Sainz et Mario Enrique Mayo ainsi que des dissidents Antonio Díaz Sánchez, Alfredo Domínguez Batista, Angel Moya Acosta et Arnaldo Ramos Lauzurique qui ont entamé le 18 octobre 2003 une grève de la faim. Tous incarcérés au centre pénitentiaire provincial de […]
(RSF/IFEX) – RSF est vivement préoccupée par l’état de santé des journalistes Adolfo Fernández Sainz et Mario Enrique Mayo ainsi que des dissidents Antonio Díaz Sánchez, Alfredo Domínguez Batista, Angel Moya Acosta et Arnaldo Ramos Lauzurique qui ont entamé le 18 octobre 2003 une grève de la faim. Tous incarcérés au centre pénitentiaire provincial de Holguín (centre du pays), ils protestent contre le placement en « cellule de punition », le 17 octobre, d’Iván Hernandez Carrillo, journaliste indépendant.
« Cette nouvelle grève de la faim est provoquée par les conditions déplorables dans lesquelles sont détenus les journalistes et les prisonniers de conscience », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF. « Iván Hernández Carrillo a été placé en cellule de punition simplement pour avoir protesté contre le refus des autorités pénitentiaires de le soigner alors qu’il souffre d’hypertension artérielle », a expliqué l’organisation. Plusieurs journalistes emprisonnés à Cuba se plaignent de l’absence de soins. En août, Mayo, Fernández Sainz et Hernández Carrillo avaient déjà mené une grève de la faim pour protester contre leurs conditions de détention.
Par ailleurs, RSF est préoccupée par la situation de Claudia Márquez Linares, directrice de la revue dissidente « De Cuba » et correspondante de RSF. Selon des informations reçues par l’organisation, le 29 octobre, des agents des forces de l’ordre ont menacé de l’arrêter pour « outrage » si elle refusait de les suivre. Elle se trouvait au domicile de Laura Pollán, l’épouse du journaliste emprisonné Hector Maseda Gutiérrez. Les agents ont expliqué qu’ils souhaitaient juste « converser » avec elle pendant deux heures.
« Le bimestriel « De Cuba » avait disparu après l’arrestation, en mars, de ses créateurs Ricardo González et Raul Rivero. En faisant pressions sur Márquez Linares, qui est parvenu à sortir une nouvelle édition de cette revue le 1er octobre dernier, le gouvernement tente de nouveau de mettre fin à la diffusion d’informations indépendantes », a expliqué l’organisation.
Selon des informations recueillies par RSF, le 17 octobre, Hernandez Carrillo, de l’agence indépendante Pátria, détenu au centre pénitentiaire provincial de Holguín (Centre), a été placé en cellule de punition pour avoir, d’après les familles de ses co-détenus, protesté contre le refus des autorités de la prison de lui dispenser les soins nécessaires à ses problèmes d’hypertension artérielle.
Le lendemain, les six autres prisonniers de conscience détenus dans ce centre ont entamé une grève de la faim pour exiger la fin du châtiment infligé à leur compagnon. Il s’agit des journalistes Fernández Sainz, de l’agence indépendante Pátria et correspondant de l’agence d’information russe sur les droits de l’homme PRIMA News, condamné à 15 ans de prison, et Mayo, de l’agence Félix Varela, condamné à 20 ans de prison, et des dissidents Díaz Sánchez, Domínguez Batista, Moya Acosta et Ramos Lauzurique, condamnés respectivement à 20 ans, 14 ans, 20 ans et 18 ans de prison.
Melba Santana, l’épouse de Domínguez Batista, et Maidelin Guerra, l’épouse de Mayo, se sont rendus à la prison le 27 octobre où elles ont été reçues par un responsable. Ce dernier leur a expliqué que Hernández Carrillo a été sanctionné pour avoir manqué de respect à un gardien. La sanction pourrait durer pendant trois mois selon le règlement. Le journaliste pourrait ensuite être transféré dans une autre prison.
Selon Santana, son mari et ses co-détenus poursuivent leur grève de la faim car aucun d’entre eux n’a été autorisé à téléphoner à sa famille le 28 octobre. Cet appel ne leur est autorisé que lorsqu’ils « respectent le règlement ». Julia Nuñez, la femme de Fernández Sainz, est préoccupée par l’état de santé de son mari. Elle souligne que lors de la dernière visite qu’elle a pu lui rendre, le 7 octobre dernier, elle l’avait trouvé amaigri. La prochaine visite n’aura lieu que le 3 janvier 2004.
D’après Santana une cellule de punition est une très petite cellule, sans lumière, ni ventilation.
Le 15 août, Mayo, Fernández Sainz et Hernández Carrillo avaient déjà débuté une grève de la faim. Ils réclamaient alors le droit, pour les prisonniers souffrant de maladies chroniques, de recevoir des médicaments et une alimentation adéquate. Ils ont cessé leur grève le 25 août quand les autorités ont accepté de fournir à Mayo une diète compatible avec son état de santé. Fernández Sainz avait perdu quinze kilos.
Le 31 août, les journalistes indépendants Manuel Vázquez Portal, Juan Carlos Herrera Acosta et Normando Hernández González, incarcérés dans la prison de Boniatico (Santiago de Cuba, est de l’île), avaient également entamé une grève de la faim pour protester contre leurs conditions de détention. Cette grève de la faim leur avait valu d’être transférés par les autorités carcérales dans une autre prison.
Avec trente détenus, Cuba est aujourd’hui la plus grande prison du monde pour les journalistes. Vingt-six d’entre eux ont été arrêtés en mars avec près de cinquante dissidents, au cours d’une vague d’arrestations sans précédent. Dans le classement mondial de la liberté de la presse de RSF (publié le 20 octobre, Cuba occupe l’avant-dernière position (165e), juste après la Corée du Nord (166e).
Il y a plus de 13 ans, RSF mettait en place le « parrainage » et appelait les médias internationaux à soutenir un journaliste emprisonné. 200 rédactions dans le monde soutiennent ainsi un confrère en demandant régulièrement sa libération aux autorités concernées et en médiatisant sa situation pour que son cas ne tombe pas dans l’oubli. Raul Rivero est ainsi soutenu par : « Métro », TV5, France culture, « La Tribune », « Ouest-France », « Le Figaro », « Epok », Conseil régional de la région centre, Mairie de Deauville, « Le Ligueur », Radio Nostalgie et Fun Radio.