(RSF/IFEX) – À l’occasion du cinquième anniversaire commémorant les assassinats en série de journalistes et d’intellectuels, RSF demande aux autorités iraniennes de briser la logique d’impunité suivie depuis cinq ans, non seulement envers les assassins, mais aussi et surtout envers les commanditaires de ces meurtres. « Nous sommes arrivés à la conclusion que des personnalités de […]
(RSF/IFEX) – À l’occasion du cinquième anniversaire commémorant les assassinats en série de journalistes et d’intellectuels, RSF demande aux autorités iraniennes de briser la logique d’impunité suivie depuis cinq ans, non seulement envers les assassins, mais aussi et surtout envers les commanditaires de ces meurtres.
« Nous sommes arrivés à la conclusion que des personnalités de haut rang sont impliquées dans cette affaire [des meurtres en série], personnalités que nous ne pouvons affronter. C’est pourquoi le dossier est gelé », a déclaré Hossein Ansari-Rad, président de la commission parlementaire de l’article 90 (tenue d’enquêter dès lors qu’elle est saisie d’une plainte écrite contre l’exécutif, le législatif ou le judiciaire).
En novembre et décembre 1998, plusieurs intellectuels et opposants ont été assassinés en Iran, dont Darioush et Parvaneh Forouhar, figures emblématiques de l’opposition libérale, Majid Charif, éditorialiste pour le mensuel « Iran-é-Farda », les écrivains-journalistes Mohamad Mokhtari et Mohamad Jafar Pouyandeh. Quelques mois auparavant, Pirouz Davani, rédacteur en chef du journal « Pirouz », disparaissait. Son corps n’a jamais été retrouvé. Cette vague d’assassinats et de disparition avait provoqué la mobilisation d’une grande partie de la presse réformatrice.
En janvier 1999, le ministère des Renseignements avait reconnu officiellement l’implication de certains de ses agents et annoncé l’arrestation de dizaines de suspects. En janvier 2001, dans le cadre de l’enquête sur le meurtre des époux Forouhar, quinze agents du ministère des Renseignements ont été condamnés : trois à la peine de mort et douze à des peines de prison. Trois autres personnes, soupçonnées d’être impliquées, ont été acquittées. L’affaire a été renvoyée devant la Cour suprême qui a confirmé le verdict. Seules deux personnes ont été condamnées à quinze ans de prison. En ce qui concerne l’affaire Davani, les autorités n’ont jamais démontré leur volonté de voir un jour cette affaire élucidée. Les responsables de cette disparition sont assurés, en conséquence, d’une impunité totale.
De même, jamais les commanditaires de ces meurtres en série n’ont été évoqués.
Parastou Forouhar, fille des Forouhar, a déclaré il y a quelques semaines à Radio Farda (émise depuis l’étranger ) : « Après cinq ans d’allers et retours constants des dossiers entre différentes section de la justice, aucun résultat n’est plus à attendre. Maintenant, nous sommes sûrs que la justice iranienne refuse de faire la lumière sur cette affaire et refuse de punir les assassins et les commanditaires du crime ».
Toutes les familles des victimes se sont plaintes que les commanditaires n’aient pas été mis en cause. Depuis novembre 2002, elles ont porté plainte devant les instances judiciaires internationales. RSF soutient ces familles et espère que les instances internationales feront tout ce qui est en leur pouvoir pour que justice soit rendue.