(RSF/IFEX) – A la suite d’un article sur les prisonniers de guerre du Front Polisario, publié en novembre 2004 dans le quotidien espagnol « El Mundo » et d’une interview parue dans l’hebdomadaire arabophone « Al Moustakil » en janvier 2005, une campagne de discrédit a été lancée à l’encontre du journaliste marocain Ali Lmrabet. RSF s’inquiète des accusations […]
(RSF/IFEX) – A la suite d’un article sur les prisonniers de guerre du Front Polisario, publié en novembre 2004 dans le quotidien espagnol « El Mundo » et d’une interview parue dans l’hebdomadaire arabophone « Al Moustakil » en janvier 2005, une campagne de discrédit a été lancée à l’encontre du journaliste marocain Ali Lmrabet. RSF s’inquiète des accusations de « trahison » relayées par une dizaine de publications. L’organisation craint pour la sécurité de Lmrabet au Maroc.
« On n’a jamais vu une telle campagne médiatique dans les médias arabophones et francophones. Le lecteur et le téléspectateur marocain a assisté à un défilé de reprises des communiqués des associations sahraouies sans jamais avoir le point de vue du principal intéressé », a déclaré RSF.
« Ce journaliste est pris à partie pour avoir fait son métier d’investigation et, apparemment, pour avoir interviewé le chef du Polisario, Mohamed Abdelaziz. Ali Lmrabet a réalisé un reportage et a retranscrit ce qu’il a constaté. Toute personne devrait être libre d’exprimer son point de vue sans craindre d’être qualifié de traître », a ajouté l’organisation.
Le 3 février, un sit-in a été organisé par plusieurs associations de droits de l’homme originaires des provinces du Sud devant le siège du Parlement à Rabat, le ministère de la Communication et l’Association marocaine des droits humains (AMDH), pour dénoncer les déclarations faites par Lmrabet sur les populations sahraouies à Tindouf (Algérie) qui, selon lui, auraient leur liberté de mouvement. Les forces de police ne sont pas intervenues pour mettre un terme à la manifestation alors que, depuis cinq ans, toutes les personnes qui ont tenté de manifester devant le Parlement ont été violemment dispersées par les forces de l’ordre.
En une semaine, au moins dix quotidiens ont titré « La trahison d’Ali Lmrabet » avec la photo du journaliste à la une. Les chaînes 2M et la RTM ont diffusé des reportages sur le sit-in; au total près de 11 minutes des journaux télévisés du soir du 3 février ont été consacrées à cette manifestation.
Joint par RSF, Réda Taoujni, président de l’association Le Sahara marocain, qui n’a pas participé au sit-in, a déclaré : « Nous sommes révoltés par cette affaire de bas niveau. Si on veut régler des comptes personnels avec Ali Lmrabet, qu’on épargne la question du Sahara occidental. Ali Lmrabet est un fervent défenseur de la marocanité du Sahara ».
Inquiet par toute cette campagne autour de sa personne, Lmrabet, prix RSF – Fondation de France 2003, a affirmé: « Vous ne trouverez dans aucun écrit signé de ma main une autre opinion que celle que j’ai toujours défendu à savoir : un Sahara marocain attaché à nous non pas par la matraque ou l’argent mais par les droits de l’homme, la solidarité, la liberté et la justice. Je suis pour le référendum d’autodétermination, pour le Plan Baker et, par principe, pour le droit inaliénable des peuples à disposer d’eux-mêmes. Toute cette opération a été montée contre moi par le ministère de l’Intérieur pour m’empêcher de relancer mon journal, pour m’empêcher d’exprimer mes opinions sur tout ce qui a trait à la vie publique de mon pays ».
Cette campagne de dénigrement intervient près de deux semaines après le refus des autorités marocaines de réceptionner la demande d’autorisation de publication d’un nouvel hebdomadaire déposée par Lmrabet.