(RSF/IFEX) – RSF dénonce « le climat irrespirable réservé à l’information non officielle » en Guinée équatoriale, quelques jours après la saisie arbitraire par la police de Bata, deuxième ville du pays, le 9 juin 2005, du périodique du parti d’opposition Convergencia para la Democracia Social (CPDS), « La Verdad ». « Au-delà de ce cas particulier, visant une fois […]
(RSF/IFEX) – RSF dénonce « le climat irrespirable réservé à l’information non officielle » en Guinée équatoriale, quelques jours après la saisie arbitraire par la police de Bata, deuxième ville du pays, le 9 juin 2005, du périodique du parti d’opposition Convergencia para la Democracia Social (CPDS), « La Verdad ».
« Au-delà de ce cas particulier, visant une fois de plus « La Verdad », c’est la situation générale de l’information indépendante en Guinée équatoriale qui est scandaleuse, a déclaré RSF. Dans ce pays, dirigé d’une main de fer par un prédateur de la liberté de la presse notoire, la moindre velléité d’opposition est vouée à la saisie, à l’interpellation ou à la prison. Souvent appelé le ‘Koweit de l’Afrique’ pour son potentiel pétrolier, le pays de Teodoro Obiang Nguema est surtout l’une des ‘zones grises’ de la liberté d’expression du continent, un enfer immobile pour les journalistes ».
Le 9 juin, la police aéroportuaire de la ville de Bata a saisi sans explication les paquets contenant les 200 exemplaires du périodique « La Verdad », destinés à être distribués dans la partie continentale du pays. Face au monopole de la radio et de la télévision d’Etat, ce bulletin, à la parution irrégulière, est la seule voix d’expression de l’opposition. En Guinée équatoriale, les médias de masse, la radio et la télévision, sont aux mains des autorités. Leurs journalistes n’ont aucune marge de manoeuvre et ne font que relayer la propagande officielle. Ainsi, en juillet 2003, lors d’un programme hebdomadaire de sensibilisation sur des questions d’intérêt national, la radio publique a affirmé que le président Obiang était « le dieu de la Guinée équatoriale » et qu’il pouvait « décider de tuer sans que personne lui demande des comptes et sans aller en enfer ».
Le 8 juin, à l’aéroport de la capitale, Malabo, la police avait saisi des documents en possession du dirigeant du CPDS, Placido Miko, alors qu’il rentrait au pays. Les agents de police avaient expliqué qu’ils obéissaient à un ordre « supérieur ».
Le 11 avril, Pablo Gracia Sáez, rédacteur en chef du service en espagnol de l’agence panafricaine afrol News, basée en Norvège, avait reçu un coup de téléphone menaçant du porte-parole de la présidence, Miguel Oyono. Ce dernier avait violemment accusé afrol News de mener « une campagne contre la Guinée équatoriale ». « Nous gardons un oeil sur vous », avait lancé le porte-parole, avant de mettre en garde le journaliste contre les « conséquences » de ses écrits.
Le 21 juillet 2004, le gouvernement avait annoncé son intention d’entamer des actions civiles et pénales contre la presse internationale pour « ses commentaires tendancieux » sur les relations entre la banque américaine Riggs et le président Obiang. La presse espagnole était particulièrement visée, après avoir rendu public un rapport de la sous-commission du Sénat américain sur la banque Riggs. Dans ce rapport, les sénateurs affirmaient que la banque avait administré, entre 1995 et 2004, plus de 60 comptes bancaires du gouvernement de Guinée équatoriale, en fermant les yeux sur des opérations de corruption.
Le 9 mars 2004, Rodrigo Angue Nguema, correspondant de l’Agence France-Presse (AFP) et de Radio France Internationale (RFI) à Malabo, avait été violemment repoussé par le directeur de presse du président Obiang, lui interdisant d’assister à une conférence de presse du Président. Seuls les médias d’Etat avaient été autorisés à couvrir l’événement (consulter l’alerte de l’IFEX du 9 mars 2004).
Quelques mois plus tôt, le 3 novembre 2003, Angue Nguema avait été arrêté à son domicile par la police, sur ordre du procureur général. Le journaliste avait été interrogé à propos d’une rumeur de coup d’Etat dont il avait fait état dans une dépêche du 29 octobre 2003. Aux yeux de la police, le reporter, qui était le seul à avoir écrit sur cette affaire, devait être en possession d’informations susceptibles d’intéresser les forces de l’ordre. Il avait été relâché huit jours plus tard (consulter des alertes des 13 et 5 novembre 2003).