(CPJ/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse du CPJ, daté du 2 mai 2006: Les 10 pays maîtres de la censure La Corée du Nord en tête de la liste du CPJ des « 10 pays les plus censurés » New York, 2 Mai 2006 – Les Nord-Coréens vivent dans le pays du monde où sévit la […]
(CPJ/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse du CPJ, daté du 2 mai 2006:
Les 10 pays maîtres de la censure
La Corée du Nord en tête de la liste du CPJ des « 10 pays les plus censurés »
New York, 2 Mai 2006 – Les Nord-Coréens vivent dans le pays du monde où sévit la plus grande censure, selon une analyse du Comité pour la protection des journalistes. La Corée du Nord communiste s’avère ainsi être le plus grand vide en matière d’information: aucun journaliste indépendant ne s’y trouve et tous les postes de radio et télévision en vente ne peuvent capter que les fréquences stipulées par le gouvernement. La Birmanie, le Turkménistan, la Guinée équatoriale et la Libye complètent la liste des cinq premiers Etats parmi les « 10 pays les plus censurés » identifiés par le CPJ.
En publiant son rapport à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, le 3 mai, le CPJ qualifie la censure d’Etat comme l’une des plus pressantes menaces contre les journalistes à travers le monde. Le CPJ a étudié les conditions d’exercice de la liberté de la presse dans des dizaines de pays du monde entier afin d’évaluer l’accès de la population à une information indépendante, ainsi que les méthodes utilisées par leurs dirigeants pour l’étouffer. Pour déterminer le classement des plus importants censeurs, les équipes régionales du CPJ ont eu recours à leur connaissance des conditions de travail de la presse locale, et ont appliqué un ensemble de critères rigoureux. Ces critères comprennent le contrôle de l’Etat sur tous les médias, l’existence d’une censure formelle, le recours de l’Etat à la violence, l’emprisonnement et le harcèlement des journalistes, le brouillage des médias audiovisuels étrangers, et les restrictions à l’accès privé à Internet.
Les autres pays sur la liste sont l’Erythrée, Cuba, l’Ouzbékistan, la Syrie et la Biélorussie.
« La population de ces pays est quasiment isolée du reste du monde par des dirigeants autoritaires qui musèlent la presse et étranglent l’information grâce à des lois répressives, la peur et l’intimidation », déclare la directrice du CPJ, Ann Cooper.
Parmi les caractéristiques qui émergent de l’analyse du CPJ, figurent:
– Le contrôle total. Dans les 10 pays, les médias écrits et électroniques sont sous l’influence ou le contrôle très serré de l’Etat. Certains pays autorisent quelques organes de presse privés mais la plupart d’entre eux sont entre les mains de partisans du régime. En Libye, il n’existe aucun média écrit ou audiovisuel indépendant – un véritable anachronisme, y compris au Moyen Orient. La Guinée équatoriale compte un seul média audiovisuel privé: son propriétaire est le fils du président. En Birmanie, les habitants risquent d’être arrêtés s’ils écoutent la BBC en public.
– Le pouvoir d’un homme. La plupart des pays sur la liste du CPJ sont dirigés par un homme qui s’est maintenu au pouvoir en manipulant les médias et en truquant les élections. Les médias nourrissent le culte de la personnalité. Sur la télévision d’Etat au Turkménistan, l’image dorée du profil du « président à vie » Separmourad Atayevich Nyazov est incrustée en permanence au bas de l’écran. En Guinée équatoriale, la radio d’Etat a décrit le président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo comme « le Dieu du pays ».
– Le recours au « gros mensonge ». En Corée du Nord, toute « nouvelle » est positive. Selon les médias nationaux strictement contrôlés, la Corée du Nord n’a jamais souffert de famine ou de pauvreté, et ses citoyens se sacrifieraient volontiers pour leur dirigeant. La très officielle Agence centrale coréenne d’information a déclaré que le dirigeant Kim Jong-il est tellement aimé de sa population qu’après l’explosion meurtrière d’un train de munitions au milieu d’une zone habitée, les gens ont couru à l’intérieur des bâtiments pour sauver les portraits omniprésents du « Cher Dirigeant » avant même de porter secours à leurs propres familles.
– Tolérance zéro pour l’information négative. En Ouzbékistan, la répression gouvernementale a contraint plus d’une douzaine de correspondants étrangers à fuir le pays après avoir couvert le massacre de manifestants anti-gouvernementaux à Andijan, en mai 2005. Des journalistes ayant couvert l’opposition à la récente réélection du président de Biélorussie, Alexandre Lukachenko, ont été emprisonnés et poursuivis pour, entre autres charges, « hooliganisme ». A Cuba, le gouvernement organise des « actions de répudiation » contre les journalistes récalcitrants: les manifestants encerclent la maison du journaliste et empêchent les gens d’entrer et de sortir.
– Le mépris cynique pour le bien-être des gens. Les gouvernements éliminent les informations sur les dangers et les épreuves subis par leurs administrés. La Corée du Nord a dissimulé une famine qui a affecté des millions de Nord-Coréens. La Birmanie a passé sous silence les effets du tsunami qui a frappé le pays en décembre 2004.
« Au regard de tous les standards internationaux, les pratiques de ces gouvernements sont inacceptables », déclare Ann Cooper. « Nous appelons les dirigeants de ces pays les plus censurés à rejoindre le monde libre en abandonnant ces mesures répressives et en autorisant les journalistes à rapporter l’information en toute indépendance et à informer leurs concitoyens. »
Basé à New York, le CPJ est une organisation indépendante à but non lucratif qui défend la liberté de presse dans le monde. Pour plus d’informations, visiter http://www.cpj.org.
Pour lire le rapport en entier, cliquez ici: http://www.cpj.org/censored/censored_fr.pdf