(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières exprime sa préoccupation face aux difficultés d’accès des internautes cubains aux blogs de la plateforme http://www.desdecuba.com . Cette plateforme héberge notamment Generación Y, le blog de Yoani Sánchez, l’un des plus populaires du pays. « Difficile de croire qu’au bout de dix jours, desdecuba.com se heurte à de simples problèmes techniques, […]
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières exprime sa préoccupation face aux difficultés d’accès des internautes cubains aux blogs de la plateforme http://www.desdecuba.com . Cette plateforme héberge notamment Generación Y, le blog de Yoani Sánchez, l’un des plus populaires du pays.
« Difficile de croire qu’au bout de dix jours, desdecuba.com se heurte à de simples problèmes techniques, même si la difficulté à établir une connexion à Internet depuis Cuba est bien réelle. Ces restrictions vont à l’encontre des récentes mesures prises par les autorités pour faciliter l’accès des Cubains aux moyens de communication, et notamment à la Toile. Or, l’un ne va pas sans l’autre. Les gages d’ouverture donnés par Raúl Castro doivent inclure davantage de liberté d’expression », a déclaré l’organisation.
Depuis le 20 mars 2008, la plateforme desdecuba.com est inaccessible à partir des connexions publiques, disponibles dans les cybercafés et les hôtels. Les rares connexions privées, utilisées pour des raisons professionnelles ou dans la clandestinité, demandent au moins vingt minutes pour charger la page d’accueil. La rédaction de commentaires ainsi que leur modération sont impossibles.
La plateforme desdecuba.com comprend une revue en ligne, « Consenso », t six blogs, parmi lesquels Generación Y ( http://www.desdecuba.com/generaciony ), créé en avril 2007 par Yoani Sánchez et régulièrement consulté par de nombreux Cubains. En février, plus d’un million d’internautes ont visité la page de la jeune blogueuse. Par ailleurs, les difficultés d’accès ont également affecté les sites http://www.cu.clasificados.com et http://www.revolico.net , deux pages de petites annonces. L’entreprise publique ETECSA, le seul fournisseur d’accès de l’île, n’a fourni aucune explication à ce sujet.
Les difficultés d’accès aux pages des sites en question surviennent à la fin d’un mois marqué par plusieurs décisions concernant l’assouplissement des conditions d’acquisition privée de certains biens de consommation. Le 28 mars, le gouvernement a fait savoir qu’il autoriserait l’acquisition de téléphones portables et mettrait à disposition de l’ensemble de la population un service de téléphonie mobile. Trois jours auparavant, il avait légalisé la vente d’ordinateurs, de télévisions et de magnétophones, et autorisé l’importation de DVD. De plus, depuis le 31 mars, les Cubains ont le droit de se rendre dans les hôtels, jusqu’à présent réservés aux étrangers. Ils peuvent ainsi accéder au réseau international de la Toile.
Ces mesures s’inscrivent dans une politique d’ouverture économique prônée par Raúl Castro, qui a officiellement succédé son frère, Fidel, à la tête de l’État, le 24 février, après vingt mois de pouvoir intérimaire. Il a promis aux Cubains de mettre fin aux « interdictions et régulations excessives ».
A Cuba, le réseau Internet est très contrôlé. Il existe un réseau « national » qui donne accès à une adresse électronique et permet d’envoyer des e-mails à l’étranger, mais pas de surfer sur Internet. La connexion au réseau « international », qui coûte trois fois plus cher, permet d’accéder aux sites d’informations étrangers comme ceux de la BBC, du Monde, du Nuevo Herald (quotidien hispanophone de Miami). Mais si l’on tape « google.fr », on est redirigé vers les pages du journal officiel de Cuba ( Granma: http://www.granma.cu ) ou de l’agence de presse Prensa Latina. Cuba figure sur la liste des « Ennemis d’Internet », publiée par Reporters sans frontières le 12 mars.