(RSF/IFEX) – Les autorités fédérales ont confirmé, le 2 mars 2009, que 92 enregistrements vidéo d’interrogatoires de détenus des prisons secrètes de l’Agence centrale de renseignement (Central Intelligence Agency, CIA) avaient été détruits par l’Agence en 2005. Reporters sans frontières demande que la nouvelle administration du président Barack Obama diligente une enquête sur cette atteinte […]
(RSF/IFEX) – Les autorités fédérales ont confirmé, le 2 mars 2009, que 92 enregistrements vidéo d’interrogatoires de détenus des prisons secrètes de l’Agence centrale de renseignement (Central Intelligence Agency, CIA) avaient été détruits par l’Agence en 2005. Reporters sans frontières demande que la nouvelle administration du président Barack Obama diligente une enquête sur cette atteinte caractérisée aux principes de la Constitution et en punisse les auteurs.
« L’importance du nombre d’enregistrements détruits confirme que l’Agence a systématiquement tenté de dissimuler au public les techniques illégales d’interrogatoires en vigueur sous la précédente administration. Les citoyens ont le droit d’être informés des agissements de leur gouvernement et de s’assurer que ceux-ci sont en conformité avec les principes démocratiques qui régissent le pays », a déclaré Reporters sans frontières.
« Nous espérons qu’à la culture du secret et au manque de transparence qui ont prévalu au cours de la décennie se substituera un meilleur accès à l’information et une claire mise en évidence des pratiques gouvernementales. Le gouvernement doit engager une enquête approfondie sur cette violation de l’accès à l’information et en punir les responsables. La société américaine ne pourra faire l’économie d’une enquête sur les graves violations commises au nom de la ‘guerre contre le terrorisme’ sous le double mandat de George W. Bush, enquête dont le principe devait être débattu à la commission des Affaires judiciaires du Sénat, le 4 mars. La crédibilité des États-Unis en matière de droits de l’homme est à ce prix », a ajouté l’organisation.
Une lettre d’un procureur fédéral du district sud de New York, Lev Dassin, a confirmé, le 2 mars, que 92 enregistrements filmés d’actes de torture dans une prison secrète de Thaïlande avaient été détruits. Récipiendaire de la lettre, le juge fédéral de New York, Alvin Hellerstein, saisi de l’affaire par l’American Civil Liberties Union (ACLU), a donné à la CIA jusqu’au 6 mars pour préparer un compte rendu des enregistrements détruits et la liste des témoins de leur passage à la broyeuse.
La CIA n’a rien révélé du contenu des vidéos détruites et a admis s’être débarrassée d' »une partie » d’entre elles. Selon le quotidien « New York Times », elles contenaient des scènes de supplice de la baignoire (« waterboarding ») utilisées contre deux Saoudiens aujourd’hui détenus à Guantanamo: Abu Zubaydah, suspecté d’appartenance à Al-Qaïda, et Abdel Rahim al-Nashiri, mis en cause dans l’attentat contre le porte-avions américain USS Cole sur les côtes du Yémen en 2000. D’après le « New York Times », José A. Rodríguez Jr, alors responsable des opérations clandestines de la CIA, avait lui-même ordonné la destruction des vidéos.
L’existence de ces enregistrements avait été révélée en 2007, juste avant la promulgation, le 31 décembre de cette année-là, de la réforme de la loi sur la liberté d’information (« Freedom of Information Act », FOIA), lorsque Michael Hayden, alors directeur de la Centrale, avait signalé leur destruction au nom de la protection des agents impliqués dans des actes de torture. Une enquête criminelle, engagée sous la précédente administration, s’est conclue le 28 février 2009. Dans l’intervalle, l’administration Obama a clairement condamné le recours à la torture autorisé par ses prédécesseurs.
Du 13 juin 2002 au 1er mai 2008, le journaliste soudanais de la chaîne qatarie Al-Jazira Sami Al-Haj, dont Reporters sans frontières a plaidé la cause, a séjourné sur la base militaire de Guantanamo. Détenu sans charges, il a été soumis à plus de 200 interrogatoires, dont certains au « waterboarding ».
Pour des informations complémentaires sur le cas al-Haj, cliquer ici: http://ifex.org/fr/content/view/full/94027