Journaliste-citoyen rendu célèbre par sa couverture des bombardements de Homs et l'aide qu'il apportait aux journalistes étrangers, Ali Mahmoud Othman serait mort depuis déjà plusieurs années, d'après des informations obtenues récemment par sa famille.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 19 avril 2019.
Journaliste-citoyen rendu célèbre par sa couverture des bombardements de Homs et l’aide qu’il apportait aux journalistes étrangers, Ali Mahmoud Othman serait mort depuis déjà plusieurs années, d’après des informations obtenues récemment par sa famille. Il faisait partie des nombreux journalistes portés disparus dans les prisons syriennes.
Sept ans après son arrestation et sa disparition, la famille d’Ali Mahmoud Othman, l’un des responsables d’un centre de presse de la ville de Homs au début du soulèvement populaire, vient d’apprendre sa mort probable en détention le 30 décembre 2013. Sa famille demande la confirmation de ces informations, et la restitution du corps.
« Toute la lumière doit être faite sur la situation d’Ali Othman ainsi que sur celle des autres journalistes détenus et disparus aux mains des autorités syriennes, déclare le bureau Moyen-Orient de Reporters sans frontières (RSF). Les survivants doivent être libérés sans plus tarder et les corps des journalistes décédés en détention rendus à leur famille. Les responsables de leur mort ou de leur exécution doivent être également connus. »
Ali Othman avait donné de nombreuses interviews, en direct et à visage découvert, à des chaînes de télévision internationales, décrivant les bombardements sur la ville de Homs. Il avait également beaucoup aidé les journalistes étrangers venus tourner des reportages clandestins dans la ville, y compris les journalistes Marie Colvin et Rémi Ochlik, qui ont trouvé la mort dans un bombardement du centre de presse de Baba Amr en février 2012. La journaliste française Edith Bouvier, blessée à ce moment-là, et qu’Ali Othman avait aidé à exfiltrer hors de Syrie, rappelait au Figaro lors de l’arrestation d’Ali Othman qu »‘il avait exprimé sa crainte d’être accusé de «collusion avec un pays hostile», la France, et de payer de sa vie notre libération. »
Interpellé par les services de renseignements syriens, à Alep, en mars 2012, Ali Othman avait été forcé à des « confessions » filmées et diffusées à la télévision syrienne en avril 2012. Il y était notamment interrogé sur ses images et ses relations avec les manifestants et les journalistes étrangers. Un autre journaliste syrien, Shiyar Khalil, qui a, lui, pu sortir de prison, et de Syrie, témoigne de la torture qu’il avait subie dans une situation similaire, où ses interrogateurs lui avaient fait dire « avoir fabriqué de fausses informations contre Bachar al Assad et être un terroriste ».
Plusieurs chancelleries occidentales avaient demandé sa libération, en vain. Des dizaines de journalistes syriens sont toujours portés disparus aujourd’hui dans différentes régions de Syrie. En majorité, il s’agit de journalistes arrêtés par les forces du régime syrien, même si, depuis l’année dernière, le gouvernement de Bashar al Assad, en mettant à jour ses listes d’état-civil, a reconnu la mort en détention de centaines de disparus, dont des journalistes.
Le sort de nombreux journalistes enlevés par les groupes armés (de Jaysh al Islam à Daesh) reste également inconnu à ce jour.
La Syrie occupe la 174e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de presse 2019 établi par RSF.