“RSF saisira la justice dans un ou plusieurs pays selon des modalités en cours d’établissement. Nous invitons les journalistes et les médias ciblés à se rapprocher de RSF pour s’associer à la réponse judiciaire nécessaire après les révélations sur le logiciel Pegasus.”
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 19 juillet 2021.
Près de 200 journalistes de 20 pays différents ont été ciblés pour être surveillés par des clients de la société israélienne NSO qui commercialise le logiciel espion Pegasus, selon une enquête publiée par un consortium de médias internationaux. Reporters sans frontières (RSF) exprime son dégoût et annonce son intention de poursuivre les responsables de cette surveillance massive.
“Immonde ! Les révélations sur l’utilisation du logiciel Pegasus inspirent le dégoût et un sentiment de révolte vu l’ampleur de la surveillance et le ciblage des journalistes, déclare le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire. Non, NSO ne participe pas ‘à la sécurité et à la stabilité mondiales’, contrairement à ce qu’affirme l’entreprise : Pegasus est un outil répugnant et sordide, inventé par des mercenaires du numérique et prisé par les ‘prédateurs de la liberté de la presse’ pour organiser la répression des journalistes.”
“En 2020, nous avons qualifié NSO de “prédateur numérique” et contribué notamment à la plainte de WhatsApp aux États-Unis contre l’entreprise israélienne. Nous mettrons tout en œuvre pour que NSO soit condamnée pour les forfaits dont elle se rend coupable et les tragédies qu’elle rend possibles”, poursuit Christophe Deloire. “Les justices des pays démocratiques doivent se saisir de ce dossier particulièrement grave, établir les faits et sanctionner les responsables. RSF saisira la justice dans un ou plusieurs pays selon des modalités en cours d’établissement. Nous invitons les journalistes et les médias ciblés à se rapprocher de RSF pour s’associer à la réponse judiciaire nécessaire après les révélations sur le logiciel Pegasus.”
“Les révélations sur le logiciel Pegasus sont un appel au changement : nous demandons aux gouvernements démocratiques d’instaurer immédiatement un moratoire sur la vente de ces technologies de surveillance, tant que des garanties ne sont pas instaurées contre leurs utilisations liberticides.”
Au moins 180 journalistes dans 20 pays au total entre 2016 et juin 2021 ont été ciblés par les clients de mouchard israélien. Parmi les clients de NSO figurent des régimes autocratiques comme l’Arabie Saoudite, l’Algérie, le Maroc, le Bahreïn, mais aussi des démocraties (Mexique, Inde). Toutes les régions du monde sont concernées, de la Hongrie, à la Turquie et l’Azerbaïdjan en Europe, au Togo, et au Rwanda en Afrique.
Dès 2017, RSF avait mis en garde contre l’utilisation de ce logiciel, notamment lorsqu’il avait été utilisé pour surveiller des journalistes mexicains. L’organisation avait ensuite dénoncé l’utilisation du logiciel contre des journalistes en Arabie saoudite, en Inde, au Maroc et en Azerbaïdjan.
RSF salue la qualité des enquêtes des médias partenaires qui ont procédé à ces révélations sur Pegasus, et la fourniture des informations par Forbidden Stories, Amnesty Security Lab et antérieurement par CitizenLab.