Les peines de prison visent à dissuader la dissidence pacifique
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 9 février 2024.
Le 6 février 2024, un tribunal égyptien a condamné l’éminent homme politique Ahmed Tantawy, ainsi que son conseiller de campagne et 21 de ses partisans détenus, à un an de prison pour des infractions présumées liées à sa candidature à la présidence du pays, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Le tribunal a également interdit à Tantawy, dont la candidature défiait le président Abdel Fattah al-Sissi, de se présenter aux élections nationales pendant cinq ans. Tantawy et son conseiller, Mohamed Abu al Dyar, ont été libérés sous caution dans l’attente de leur appel.
Le jugement rendu par le tribunal situé au Caire portait sur des délits mineurs, et était entièrement basé sur l’activisme politique pacifique d’Ahmed Tantawy, ; les organisateurs de sa campagne avaient tenté de recueillir des déclarations de soutien avant l’élection présidentielle de décembre 2023, au cours de laquelle Sissi a remporté un troisième mandat de six ans avec 89,6 % des voix. Human Rights Watch a précédemment documenté la série d’arrestations, de poursuites infondées et d’autres formes d’intimidation qui ont visé des candidats potentiels et leurs partisans pendant des mois avant le scrutin, ce qui a empêché l’émergence d’une concurrence significative face au président.
« Les autorités égyptiennes devraient immédiatement abandonner les accusations visant Ahmed Tantawy et ses partisans, qui ont été portées de manière abusive en guise de représailles contre sa campagne pacifique défiant le président Sissi », a déclaré Amr Magdi, chercheur senior auprès de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. « Les autorités ne se contentent pas de punir la dissidence pacifique. En interdisant à Tantawy de se présenter aux prochaines élections, elles envoient un message clair : aucune contestation sérieuse du maintien au pouvoir de Sissi ne sera tolérée. »