Les journalistes Bouachrine, Radi et Raissouni ont été libérés en vertu d’une grâce royale prononcée ce 29 juillet; une grâce qui met également fin au calvaire judiciaire de cinq autres journalistes.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 30 juillet 2024.
Les journalistes Taoufik Bouachrine, Omar Radi et Soulaimane Raissouni ont été libérés en vertu d’une grâce royale prononcée ce 29 juillet. Une grâce qui met également fin au calvaire judiciaire de cinq autres journalistes. Reporters sans frontières (RSF) se félicite de cette mesure tant attendue, de ces libérations qui mettent un terme à une injustice et doivent constituer l’amorce d’une nouvelle ère pour la liberté de la presse au Maroc.
La nouvelle est tombée ce 29 juillet en début de soirée : les journalistes Taoufik Bouachrine, Omar Radi et Soulaimane Raissouni sont graciés par le roi du Maroc, Mohamed VI, à l’occasion de la fête du Trône du 30 juillet. Les familles des trois journalistes se rendent aussitôt devant les prisons pour attendre cette sortie tant attendue. C’est finalement vers 22 h heure locale, que Omar Radi et son confrère Soulaimane Raissouni quittent respectivement leurs prisons de Tiflet 2 et de Aïn Borja à Casablanca. Taoufik Bouachrine est à son tour libéré quelques minutes plus tard.
Cinq autres journalistes ont également bénéficié de la grâce royale : Hicham Mansouri et Samad Ait Aicha (tous deux poursuivis pour “atteinte à la sûreté de l’État”), Imad Stitou (condamné dans l’affaire Radi), Afaf Bernani (inquiétée dans l’affaire Bouachrine) – qui avaient tous dû se résigner à l’exil –, ainsi que l’historien et défenseur de la liberté de la presse Maati Monjib. S’ils n’étaient pas privés de liberté, cette grâce met fin à leur calvaire judiciaire et à la menace d’emprisonnement qui pesait sur eux.
“La fin du calvaire de la détention pour nos confrères Taoufik Bouachrine, Omar Radi et Soulaimane Raissouni, ainsi que la fin du calvaire judiciaire pour cinq autres journalistes, est un immense soulagement. RSF se félicite de cette grâce royale qui met enfin un terme à une situation injuste pour ces journalistes et préjudiciable pour le Maroc. Cette décision constitue un premier pas important qui doit être suivi d’autres actions – notamment des réformes, telles que la suppression des “lignes rouges” pour les médias et l’abrogation des peines privatives de liberté menaçant les journalistes dans le Code pénal –, afin de véritablement amorcer une nouvelle ère pour la liberté de l’information dans le pays. »
Khaled Drareni, Représentant de RSF en Afrique du Nord
Taoufik Bouachrine était en détention depuis 2018. Il avait été condamné en appel en octobre 2019 à 15 ans de prison et son pourvoi en cassation avait été rejeté deux ans plus tard. En mai 2023, ses conditions carcérales s’étaient dégradées après des mesures punitives prises à son égard par l’administration pénitentiaire. Omar Radi et Soulaimane Raissouni étaient, quant à eux, derrière les barreaux depuis quatre ans. Ils avaient été arrêtés et condamnés en 2020, respectivement à six et cinq ans de prison en appel. Leurs pourvois en cassation avaient été rejetés en juillet 2023.
« Cette libération est une excellente nouvelle pour tous les confrères libérés, mais les contours de cette grâce doivent être regardés à la loupe. Ce n’est pas une grâce totale. Les journalistes sont toujours considérés comme des criminels à qui on a pardonné les fautes. Or, ce ne sont pas des criminels et ils n’ont commis aucun crime. »
Ali Lamrabet, Journaliste marocain et lauréat du prix RSF en 2003
Depuis le début de cette terrible injustice qui a touché ces trois symboles de la liberté de la presse au Maroc, RSF n’a eu cesse de défendre leur cause auprès de toutes les instances internationales jusqu’à l’adoption d’une résolution historique par le Parlement européen, le 19 janvier 2023, qui appelait à la libération des journalistes. Cette grâce royale intervient un an après l’appel en ce sens fait par le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire, à l’attention du roi Mohamed VI.