Rory Branker, journaliste du site d'information "La Patilla", est le neuvième journaliste arrêté, depuis juillet 2024, pour son activité journalistique et il est détenu dans un lieu secret.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 25 février 2025.
La persécution du journalisme indépendant au Venezuela s’intensifie : Rory Branker, journaliste du site d’information La Patilla, est le neuvième journaliste arrêté, depuis juillet 2024, pour son activité journalistique et il est détenu dans un lieu secret. Reporters sans frontières (RSF) demande aux autorités de libérer Rory Branker ainsi que tous les autres journalistes arbitrairement détenus, et de mettre fin immédiatement à la persécution judiciaire des professionnels des médias, qui s’accompagne systématiquement des violations de leurs droits fondamentaux.
Le 20 février, Rory Branker, journaliste de 43 ans du site d’information La Patilla, a été arrêté par le Service national de renseignement bolivarien (Sebin) à Caracas. Il a d’abord été conduit au centre pénitentiaire El Helicoide, mais quelques heures plus tard, sa famille, qui l’a cherché dans plusieurs prisons, n’a pas pu le localiser. Son lieu de détention n’a toujours pas été révélé à ce jour. Les agents du Sebin ont également perquisitionné son domicile et ont confisqué deux ordinateurs portables. L’absence de garanties judiciaires lors de l’arrestation et de la détention du journaliste – le manque d’accès à un avocat, le secret tenu sur son lieu de détention – est un signe alarmant et de plus en plus courant que la criminalisation du journalisme ne cesse de croître au Venezuela.
« La détention arbitraire de Rory Branker est un nouvel exemple de la politique systématique de répression contre la presse au Venezuela. Nous demandons sa libération immédiate, l’annulation de la procédure arbitraire dont il fait l’objet et la garantie que les journalistes ne seront pas détenus au secret. Nous demandons également la libération immédiate de ses collègues Luis López, Eleángel Navas et José Gregorio Camero, toujours emprisonnés et privés de leur droit à un procès équitable. »
Artur Romeu, Directeur du bureau Amérique latine de RSF
L’arrestation de Rory Branker est le dernier développement en date des attaques en cours contre le média La Patilla, qui a été frappé par de multiples cyberattaques visant à mettre son site web hors ligne. Le lendemain de l’arrestation de Rory Branker, le site a été mis hors service pour des raisons encore inconnues. En 2022, Diosdado Cabello, premier vice-président du Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV), avait directement menacé le média lors de son émission télévisée en déclarant : “Maintenant, nous nous en prenons à La Patilla”. De plus, Ana Carolina Guaita, une autre journaliste de La Patilla, a été arrêtée en août 2024 dans des circonstances similaires à celles de Rory Branker. Elle a été libérée en décembre de la même année.
Emprisonnement et restrictions judiciaires
Les journalistes de La Patilla ne sont pas les seuls : le ciblage délibéré des reporters s’est intensifié depuis les élections présidentielles du 28 juillet 2024. Au moins huit d’entre eux ont été arrêtés pour avoir couvert des manifestations dans le cadre de l’élection présidentielle du 28 juillet 2024, cinq ont été libérés en décembre sous de strictes restrictions judiciaires, et trois sont toujours emprisonnés : Luis López, Eleángel Navas et José Gregorio Camero. Tous sont accusés sans fondement de « terrorisme », d’“incitation à la haine » et d’« association criminelle », accusations que le gouvernement a utilisées à maintes reprises pour réduire au silence les voix dissidentes, avec des peines pouvant aller jusqu’à 20 ans d’emprisonnement.