Au cours du second vol, des enregistrements vidéo - éléments de preuve du premier - ont été dérobés, ainsi que du matériel informatique.
(RSF/IFEX) – Le 2 décembre 2011 – Organisation vénézuélienne de défense de la liberté d’expression, Espacio Público, a subi deux cambriolages d’affilée les 16 et 26 novembre 2011. Au cours du second vol, des enregistrements vidéo – éléments de preuve – du premier ont été dérobés. Du matériel informatique, fourni grâce à un appel au don de l’ONG après le premier vol, a également disparu. Tout en restant prudente sur le possible mobile de ces actes, Reporters sans frontières s’étonne des lenteurs de l’enquête. Notre organisation espère que ce manque de volonté ne doit rien à l’hostilité déclarée du gouvernement envers Espacio Público, dans un contexte de polarisation toujours aussi extrême.
Régulièrement ciblée par la propagande officielle comme « agent contre-révolutionnaire pour le compte d’une puissance étrangère » [entendez les Etats-Unis] en raison d’une partie de son financement, Espacio Público était directement visée par la loi sur la coopération internationale dite de « protection de la souveraineté nationale et d’autodétermination », adoptée avec d’autres textes controversés le 22 décembre 2010 et rendant impossible toute donation extérieure des ONG vénézuéliennes. Son directeur, Carlos Correa, avait subi, à l’époque, une agression dans l’enceinte même de l’Assemblée nationale. Aucune suite judiciaire n’avait été donnée à l’affaire.
« Un avocat de notre équipe va contacter le ministère public afin de savoir si un procureur a été désigné pour chacune des plaintes », nous a confié Carlos Correa au lendemain du second cambriolage qui n’a donné lieu, selon lui, à aucun relevé d’indices contrairement au premier. « Il n’y a eu aucun contact pour proposer un appui ou une quelconque mesure de protection », a-t-il ajouté, sans exclure un mobile politique.
« Dans l’impossibilité de nous prononcer plus avant sur le fond du présent dossier, nous demandons néanmoins que la justice fasse preuve de toute l’équité et l’impartialité nécessaires à l’enquête. Aucun critère idéologique ou soupçon envers Espacio Público ne doit faire obstacle à la recherche de la vérité. Connaissant le travail, certes critique, mais sérieux et argumenté mené par cette organisation, Reporters sans frontières souhaite que prennent fin en ces circonstances les accusations infâmantes portées contre elle. Ce souhait vaut pour l’Institut presse et société (IPYS), organisation d’origine péruvienne mais disposant d’un bureau permanent à Caracas, victime de la même propagande », a déclaré Reporters sans frontières.