Deux journalistes kurdes d'opposition ont échappé à des tentatives d'assassinat et plusieurs professionnels de l'information ont fait l'objet d'interpellations et de tentatives d'enlèvement.
(RSF/IFEX) – Le 25 mars 2011 – Ces derniers jours, deux journalistes kurdes d’opposition ont échappé à des tentatives d’assassinat à Erbil et Dohuk, zones contrôlées par le Parti démocratique du Kurdistan (PDK). Plusieurs professionnels de l’information ont fait l’objet d’interpellations et de tentatives d’enlèvement. Nombreux sont ceux qui rapportent continuer de recevoir des menaces de mort par SMS.
« Nous sommes extrêmement préoccupés par les attaques armées et agressions qui visent délibérément les journalistes. Nous rappelons que deux d’entre-eux ont déjà été assassinés en 2008 et 2010. Les autorités du Kurdistan irakien doivent assumer leurs responsabilités, en garantissant leur protection et leur droit à travailler librement. De leur côté, les responsables des deux principales formations politiques, le Parti démocratique du Kurdistan et l’Union patriotique du Kurdistan, doivent appeler au calme et donner des consignes claires à leurs partisans », a déclaré Reporters sans frontières.
Le 23 mars à Erbil, Hangaw Hashm, reporter pour Rojname, hebdomadaire pro-Gorran, était au volant de son véhicule, sortant du centre commercial Majidi Mall, lorsque des individus armés, à bord d’une voiture aux fenêtres teintées, ont ouvert le feu sur sa voiture. Le journaliste est sorti indemne.
La veille, Barqi Islam, reporter pour la chaîne satellitaire Speda à Amedi (province de Dohuk), a été attaqué alors qu’il rentrait de festivités des Newroz. Des hommes armés à bord d’une voiture ont ouvert le feu à plusieurs reprises sur son véhicule, qui porte de nombreux impacts de balles. Le journaliste n’a pas été touché.
Le 22 mars toujours, une équipe de la chaîne Kurdistan News Network, composée du journaliste Hazhar Anwar et du cameraman Amir Abubakar, a été prise à partie par les Asayesh du PDK et de l’UPK, alors qu’elle tentait de couvrir une manifestation de familles des victimes et disparus de la guerre civile. Interdits de filmer, les journalistes ont été interpellés prendant près de deux heures, et le contenu de leurs cartes mémoire a été effacé. Le jour même à Hallabja, Aram Najim et Hana Sidig, journaliste et cameraman pour KNN, ont été agressés par des Asayesh de l’UPK, alors qu’ils couvraient une manifestation contre les deux principales formations politiques au KRG.
Rabar Fariq, poète et journaliste indépendant, a annoncé être surveillé par les forces de sécurité du PDK après avoir écrit un éditorial dans le numéro 625 de Rojname, publié le 17 mars dernier, dans lequel il critique ouvertement le PDK et sa volonté d’empêcher les habitants d’Erbil de manifester.
Par ailleurs, Kawa Ahmed, journaliste pour le quotidien Awene, a été agressé le 9 mars en raison de ses articles. Le même jour, un reporter de KNN, Garmiyani Hamay Pur, a été interpellé pendant deux heures. Un journaliste de la chaîne Payam, Mustafa Abdulla, a également été attaqué, et sa caméra confisquée. Tous déclarent avoir été menacés.
La chaîne de l’Union islamique du Kurdistan Speda a indiqué à Reporters sans frontières avoir recensé 12 violations de la liberté de la presse pour ses seules équipes depuis le 25 février dernier. Ainsi, le 9 mars, Sarkawt Salam, reporter à Kalar, a été victime d’une tentative d’enlèvement. Placé de force dans une voiture, il a été relâché à Sayid Khalil, 5 km plus loin. Le 3 mars, le cameraman Sangar Hamid et le reporter As’ad Muhammad avaient également été victimes d’une agression similaire perpétrée par les Asayesh de l’UPK. Ils ont été frappés et menacés de mort s’ils continuaient à couvrir les manifestations.