À la veille de la Journée Mondiale de l'Eau, ARTICLE 19 lance "Les principes relatifs à la liberté d'expression et droits à l'eau et à l'assainissement".
À la veille de la Journée Mondiale de l’Eau, ARTICLE 19 lance Les principes relatifs à la liberté d’expression et droits à l’eau et à l’assainissement. Les Principes, développés en coopération avec des experts et des activistes du monde entier, fournissent des directives aux responsables politiques et aux activistes sur la manière dont la liberté d’expression et à l’information peut aider à sécuriser les droits à l’eau et à l’assainissement.
« Alors que les droits à l’eau et à l’assainissement ont été reconnus par la législation internationale, il reste encore beaucoup à faire pour que dans le monde entier les personnes soient capables de mettre ces droits en œuvre. La liberté d’expression et l’accès à l’information jouent un rôle crucial pour les revendiquer » dit Thomas Hughes, Directeur exécutif d’ARTICLE 19.
« L’information et la liberté d’expression renforcent les capacités des personnes. Les personnes doivent avoir accès à l’information concernant l’eau et l’assainissement, les ressources liées à l’eau et leur gestion. Elles doivent pouvoir exprimer leurs préoccupations sur ces problèmes et pouvoir participer aux prises de décision concernant l’eau et l’assainissement. » ajoute Hughes.
La manière d’avancer
Les Principes émettent une série de recommandations, y compris :
- Les organismes publics et entités privées doivent garantir que le public a accès à des informations fiables et correctes concernant l’eau et l’assainissement, et assurer des mesures efficaces qui facilitent le partage de ces informations.
- Toutes les prises de décision liées aux droits à l’eau et à l’assainissement doivent être démocratiques et transparentes et représenter les droits des personnes affectées.
- Les États doivent créer un environnement favorable à ce que les individus puissent exercer leur droit à la liberté d’expression sur les questions liées à l’eau et à l’assainissement par le biais d’un certain nombre de moyens de communication. Cela inclut les médias traditionnels, numériques, communautaires, les réseaux sociaux et la téléphonie mobile.
- Les États doivent garantir que les journalistes, les défenseurs des droits humains et les activistes qui soulèvent les problèmes liés à l’eau et à l’assainissement puissent travailler en toute sécurité sans crainte de subir des violences physiques, le harcèlement ou l’intimidation ou des abus indiscriminés à travers des procédures civiles et pénales.
- Les États doivent garantir que les individus et les groupes sont libres d’exprimer leurs opinions, préoccupations et demandes liées aux droits à l’eau et à l’assainissement par des manifestations pacifiques.
- Les États devraient soutenir la participation active, libre et significatives d’individus et de groupes dans les processus de prise de décision aux niveaux national, régional et local.
Les Principes émettent également une série de recommandations pour d’autres acteurs, y compris des organismes internationaux, des médias, des bailleurs de fonds et des organisations privées actives dans les secteurs de l’eau et de l’assainissement.
Réaction aux Principes de libre circulation:
Des experts et des activistes qui ont participé à la rédaction des Principes commentent :
Amadou Kanoute, CICODEV, Sénégal:
« Il y a deux ans, nous avons appris par les médias que le gouvernement prévoyait de réviser le cadre institutionnel du service de distribution de l’eau au Sénégal. Ce changement qui prévoyait de passer d’un contrat de service à une concession de 25 ans au bénéfice d’une société privée aurait signifié une augmentation de 41% du tarif de l’eau et aurait rendu difficile l’accès à un service si essentiel aux consommateurs défavorisés. Le fait de posséder cette information et de pouvoir l’exposer au public a poussé le gouvernement à faire marche arrière. Mais ce qui aurait pu se passer au Sénégal a déjà lieu dans de nombreux autres pays africains, sans qu’on l’annonce et sans que les gens aient la possibilité d’exprimer leurs opinions. Dans notre cas, nous avons eu la chance d’être alertés par la presse libre. Les Principes –qui spécifient les obligations des États par rapport au droit de savoir, d’être entendu, au droit de parole, à la participation publique et à la transparence -seront utiles dans les efforts de défense des droits à l’eau et à l’assainissement. »
Vanessa Lucena Empinotti, Groupe de Recherche sur la Gouvernance environnementale à PROCAM/IEE/Université de São Paulo, Brésil:
« Les Principes contribueront à augmenter les pratiques de transparence et d’accès à l’information dans le domaine des ressources de l’eau. Au Brésil en particulier, les Principes renforceront les institutions de l’eau participatives et décentralisées qui sont déjà en place et par conséquent, augmenteront leur influence sur l’État et le secteur privé. L’accès à l’information est fondamental pour garantir un accès équitable à l’eau et à l’assainissement. »
Rezaul Karim Chowdhury, Coast Trust, Bangladesh:
« Au Bangladesh, nous nous trouvons au milieu d’une crise de l’eau potable, à la fois dans les zones côtières et urbaines, principalement à cause du changement climatique. La situation est particulièrement critique pour les femmes qui ont à charge de nourrir leur famille et ce sont elles qui souffrent le plus. Ces Principes seront un instrument de valeur incalculable pour les communautés et les activistes de la société civile qui plaident pour une meilleure gouvernance. »
Mohamad Mova Al’Afghani, Centre pour la Gouvernance de l’Eau, Indonésie :
« En Indonésie, l’information publique concernant le secteur de l’eau et de l’assainissement est minime. Les contrats sont souvent gardés secrets et la gouvernance de l’eau tend à être mise en œuvre d’une manière hautement technique, exclusive et élitiste. Les problèmes liés à l’eau ne concernent pas seulement les tuyaux et les infrastructures. Ils concernent la manière dont les gens résolvent les conflits entre eux et la manière dont ils sont capables de créer une relation avec l’environnement. Si la démocratie de l’eau doit être réalisée, on doit donner au public la capacité de participer de manière significative dans le processus. Les Principes aideront à renforcer la capacité des personnes à le faire. »
Scott Griffen, International Press Institute, Autriche:
« Ces Principes reflètent une reconnaissance croissante du lien entre le développement et la liberté d’expression. En aidant les journalistes à définir ces droits et en recherchant à améliorer et à promouvoir la couverture par la presse des problèmes de développement, les Principes contribueront à nos efforts pour guider les journalistes dans le compte-rendu des problèmes de développement. Nous serons heureux de distribuer les Principes dans notre réseau. »