Plusieurs personnalités politiques régionales soupçonnées d’avoir ordonné l’exécution de Merardo Romero bénéficient depuis le début de l’affaire d’une curieuse mansuétude judiciaire, dit RSF.
(RSF/IFEX) – Le 10 janvier 2012 – La remise en liberté sous caution, le 31 décembre 2011, du politicien local Fidel Duarte, un des commanditaires présumés de l’assassinat du journaliste Merardo Alejandro Romero Chávez, fait de nouveau gagner du terrain à l’impunité dans ce dossier. Cette mesure est d’autant plus injustifiable que la loi paraguayenne n’admet de liberté sous caution que pour des délits et en aucun cas pour des crimes de sang. En outre, elle est intervenue à la veille des vacances judiciaires du mois de janvier, période pendant laquelle toutes les pressions sont à craindre sur les témoins de l’affaire.
« Le scandale est à son comble ! Plusieurs personnalités politiques régionales soupçonnées d’avoir ordonné l’exécution de Merardo Romero bénéficient depuis le début de l’affaire d’une curieuse mansuétude judiciaire. José Valenzuela, haut fonctionnaire au sein de l’administration d’Itakyry, n’a jamais été arrêté par la police locale malgré un mandat émis contre lui pour ‘homicide volontaire’ par le ministère public. Sa présence est même confirmée à Itakyry alors qu’il est officiellement en fuite ! De même Miguel Angel Soria, ancien maire de la ville, dont Fidel Duarte était le garde du corps, n’a jamais été inquiété », constate Reporters sans frontières.
“Comment la justice explique-t-elle d’avoir délibérément violé la loi qu’elle est censée faire appliquer ? Qui a ordonné la liberté sous caution ? Sous pression de qui ? Les proches de Merardo Romero ont droit à la vérité et celle-ci ne peut être sacrifiée à des intérêts politiques. Nous sollicitons une explication auprès de la juge Alba de García de Zúñiga et de la procureur Graciela Ortiz, normalement en charge du dossier. Compte tenu des antécédents de l’affaire, les représentants de la municipalité d’Itakyry doivent être convoqués dans leur ensemble”, a conclu l’organisation.
Arrêté le 10 décembre 2011 par des fonctionnaires de police envoyés d’Asunción, Fidel Duarte, aurait joué le rôle d’intermédiaire entre les auteurs intellectuels et les trois exécutants présumés du crime, incarcérés depuis mars 2011. L’examen indique que des appels téléphoniques ont été passés entre Fidel Duarte et Arnildo Enciso Borja, l’un des trois exécutants aujourd’hui sous les verrous, le jour de l’assassinat, le 3 mars 2011.
Arcenio López, autre commanditaire en fuite depuis le 10 décembre, est soupçonné par la procureur chargée de l’affaire, Graciela Ortiz, d’avoir versé aux tueurs la somme de 8 millions de guarani (2 000 $US) pour assassiner Merardo Romero avec l’aval direct de José Valenzuela.
Autrefois proche des acteurs du dossier, Merardo Romero dénonçait à l’antenne de la radio communautaire La Voz de Itakyry des affaires de corruption et d’emplois fictifs impliquant la municipalité.