La multiplicité des charges, plus fantaisistes les unes que les autres, et la disproportion de la peine qui vise Hassan Mohammed Qambar montrent que la justice bahreïnie ne tolère aucune couverture des événements contraire à sa version officielle, déclare RSF.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 13 décembre 2018.
A l’occasion des six mois de détention du photographe bahreïni Hassan Mohammed Qambar, Reporters sans frontières (RSF) dénonce la disproportion de la peine et des charges retenues contre lui, et demande sa libération immédiate.
Cela fait six mois que le photographe indépendant Hassan Mohammed Qambar a été arrêté. Détenu depuis le 12 juin dernier, Hassan Mohammed Qambar a été condamné à plusieurs peines de prison. L’addition de ses différentes condamnations porte à plus de 100 ans le nombre d’années qu’il est censé passé derrière les barreaux. Hassan Mohammed Qambar avait couvert le soulèvement de 2011 et les mouvements d’opposition dans son pays, notamment pour Russia Today Arabic et RUPTLY. Il a été condamné pour avoir « brûlé des pneus », « endommagé une tour électrique », participé à des « émeutes » et contribué au « chaos », ou encore « appartenance à un groupe terroriste ». Mais selon des informations recueillies par RSF, les interrogatoires qu’il a subis portaient sur son travail de photojournaliste.
« La multiplicité des charges, plus fantaisistes les unes que les autres, et la disproportion de la peine qui vise Hassan Mohammed Qambar montrent que la justice bahreïnie ne tolère aucune couverture des événements contraire à sa version officielle, déclare Sophie Anmuth, responsable du bureau Moyen-Orient de RSF. Reporters sans frontières demande sa libération immédiate et l’abandon des charges injustes retenues contre ce photojournaliste qui n’a fait que son travail. »
Hassan Mohammed Qambar avait déjà été emprisonné en avril 2011 pour de supposés actes de vandalisme et propagation de fausses nouvelles puis relâché en février 2012. A sa sortie de prison, il a repris son travail de photojournaliste, ce qui lui a valu, quatre mois plus tard, d’être de nouveau dans le collimateur des agents de l’Agence de sécurité nationale (NSA). Recherché par les autorités, qui ont effectué une soixantaine de raids à son domicile, il a finalement été arrêté en juin 2018.
Quinze journalistes et citoyens journalistes sont actuellement en détention au Bahreïn pour des raisons liées à leur travail d’information, d’après le baromètre de RSF.
Le Bahreïn se situe à la 166e position sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse 2018 établi par Reporters sans frontières.