RSF condamne cette décision disproportionnée qui a pour effet de censurer des informations pourtant d'intérêt public dans une affaire politique majeure.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 19 novembre 2018.
Samedi 17 novembre 2018, la justice brésilienne a interdit à la chaîne de télévision brésilienne TV Globo de diffuser des informations sur l’enquête judiciaire en cours sur l’assassinat de la conseillère municipale Marielle Franco. Reporters sans frontières (RSF) condamne cette décision disproportionnée qui a pour effet de censurer des informations pourtant d’intérêt public dans une affaire politique majeure.
La chaîne de télévision TV Globo, la plus importante du pays, a eu accès à des documents confidentiels dans le dossier sur l’enquête de l’assassinat de la conseillère municipale Marielle Franco et de son chauffeur Anderson Gomes, brutalement abattus le 14 mars 2018, à Rio de Janeiro. Le 14 novembre 2018, TV Globo a diffusé deux reportages sur le sujet, tout en évitant de révéler des détails qui pourraient mettre en danger la sécurité des témoins, ou bien encore les avancées dans l’enquête judiciaire.
Pourtant, une décision de justice de l’Etat de Rio de Janeiro a interdit au média de couvrir et de diffuser toute information relative à l’enquête policière, estimant que « la fuite du contenu du dossier d’investigation est très préjudiciable en ce qu’elle expose les données personnelles des témoins et mine le bon déroulement des enquêtes, entravant et retardant l’élucidation des crimes odieux analysés ». Le média a affirmé qu’il fera appel à la décision.
« Couvrir et donner des informations sur le dossier de l’enquête ne revient pas à violer le secret de l’instruction, déclare Emmanuel Colombié, directeur du bureau Amérique latine de l’organisation. C’est donc une décision tout à fait disproportionnée qu’a pris la justice brésilienne dans cette affaire qui a pour but de censurer l’un des plus gros médias du pays sur une affaire d’intérêt public majeure. C’est tout simplement une violation de la liberté de la presse et cela crée un dangereux précédent. »
L’assassinat de Marielle Franco, conseillère municipale très connue pour son engagement en faveur des droits de l’Homme, a ému le pays. Huit mois après son homicide, les autorités n’ont toujours pas présenté de résultats significatifs dans l’investigation.
Le Brésil se situe à la 102e position du Classement mondial de la liberté de la presse 2018 élaboré par Reporters sans frontières.