"Deutsche Welle" (DW) s'ajoute désormais à la liste de la dizaine de médias internationaux et nationaux censurés par le gouvernement vénézuélien depuis dix ans.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 8 mars 2024.
Le gouvernement de Nicolás Maduro a censuré la chaîne allemande Deutsche Welle (DW) en espagnol à la suite de la diffusion d’un reportage sur la corruption au Venezuela. A quatre mois des élections, Reporters sans frontières (RSF) dénonce cette énième atteinte au droit à l’information.
Deutsche Welle (DW) s’ajoute désormais à la liste de la dizaine de médias internationaux et nationaux censurés par le gouvernement vénézuélien depuis dix ans. Le président vénézulien Nicolás Maduro s’est violemment attaqué à la chaîne la qualifiant de “nazie” dans l’émission où il intervient chaque semaine sur la télévision publique VTV. La diffusion d’un reportage sur DW sur la corruption en Amérique latine, et notamment au Venezuela, révélant l’implication de responsables politiques de haut rang dans le trafic de drogue, l’exploitation minière illégale et des activités d’extorsion. Le signal de la chaîne DW en espagnol a alors été interrompu le jour même par la Commission nationale des télécommunications (Conatel). Elle est désormais accessible uniquement sur le site dw.com et sur les réseaux sociaux.
En dix ans, plus de dix chaînes ou émissions de médias étrangers ont été censurées par ce même gouvernement : la transmission de la chaîne colombienne d’informations internationales NTN24 avait été suspendue à l’heure de vastes manifestations étudiantes contre le gouvernement. Tout au long de l’année 2017, d’autres émissions des médias internationaux comme la chaîne mexicaine TV Azteca (Mexique), du média colombien El Tiempo TV(Colombie), de la chaîne argentine TN (Argentine) et de l’antenne de CNN en espagnol Español (États-Unis) ont également été censurées dans le contexte de violente répression du régime vénézuélien face à une vague de manifestations.
“Nicolás Maduro fait preuve, une fois de plus, d’une intolérance pathologique au journalisme. La banalité avec laquelle l’État vénézuelien censure les médias est effarante et sans équivalent en Amérique du sud. Cette décision va dans le sens diamétralement opposé des attentes sur le gouvernement au cours de la période préélectorale, qui devrait être marquée par l’élargissement de l’espace démocratique et du pluralisme. RSF demande au gouvernement de restaurer les signaux des chaînes censurées et rappelle que sans liberté de la presse, il n’y a pas d’élections démocratiques.”
Artur Romeu, Directeur du bureau Amérique latine de RSF
Le Venezuela occupe la 159e place sur 180 pays au Classement sur la liberté de la presse établi par RSF en 2023.