(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre de l’Intérieur cubain, le général Abelardo Colomé Ibarra, RSF a protesté contre l’agression ou l’interpellation des journalistes indépendants Jesús Alvarez Castillo, Lester Tellez Castro, Carlos Brizuela Yera, Normando Hernández et Juan Basulto Morell. L’organisation a demandé au ministre « de punir les responsables de ces agressions » et d’ordonner […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre de l’Intérieur cubain, le général Abelardo Colomé Ibarra, RSF a protesté contre l’agression ou l’interpellation des journalistes indépendants Jesús Alvarez Castillo, Lester Tellez Castro, Carlos Brizuela Yera, Normando Hernández et Juan Basulto Morell. L’organisation a demandé au ministre « de punir les responsables de ces agressions » et d’ordonner la libération des deux journalistes toujours détenus. « Il semble que le recours à la violence soit devenu le nouvel instrument de répression contre la presse indépendante », s’est inquiété Robert Ménard, secrétaire général de RSF. Ce dernier a rappelé que trois des journalistes concernés avaient déjà été frappés par des policiers en décembre 2001. En 2001, les autorités avaient commis une centaine d’actes de pressions ou d’intimidations contre des journalistes indépendants et procédé à vingt-neuf interpellations.
Selon les informations recueillies par RSF, des agents du ministère de l’Intérieur et des membres des Brigades de réponse rapide, des groupes de choc utilisés contre les dissidents, ont violemment frappé, le 4 mars 2002, Alvarez Castillo, correspondant de l’agence Cuba Press à Ciego de Avila (Centre). Ce dernier s’apprêtait à couvrir un événement organisé par la Fundación Cubana de Derechos Humanos, une association de défense des droits de l’homme non reconnue par les autorités. Touché aux cervicales, le journaliste s’est évanoui avant de revenir à lui quelques heures plus tard à l’hôpital de Ciego de Avila. Il souffrirait d’une fêlure d’une cervicale.
Selon la Sociedad Manuel Márquez Sterling, une association locale regroupant une quarantaine de journalistes indépendants, Tellez Castro, directeur de l’agence Agencia de Prensa Libre Avileña, et Brizuela Yera, collaborateur de l’agence Colegio de Periodistas Independientes de Camaguey, ont également été frappés puis interpellés par des agents des forces de l’ordre alors qu’ils se rendaient le jour même au chevet du journaliste. Tellez Castro et Brizuela Yera, qui avaient déjà été interpellés entre le 1er et le 3 mars, sont toujours détenus.
Le 5 mars au matin, des agents de la sécurité d’État se seraient présentés au domicile de Normando Hernández, directeur de l’agence Colegio de Periodistas Independientes de Camaguey, vraisemblablement pour l’arrêter. Le journaliste aurait réussi à prendre la fuite. Hernández avait révélé à Radio Martí, une station basée en Floride qui émet vers Cuba, les circonstances des agressions de Alvarez Castillo, Tellez Castro et Brizuela Yera.
La Sociedad Manuel Márquez Sterling signale également que, le 3 mars, un inconnu avait frappé Basulto Morell à la tête avec un bâton en criant : « voilà, pour être un contre-révolutionnaire ». Agé de 70 ans, Basulto Morell travaille pour l’agence Libertad, basée à Las Tunas (Ouest).
RSF rappelle que le 25 décembre, cinq journalistes indépendants, parmi lesquels Tellez Castro, Brizuela Yera et Hernández, avaient été frappés par des membres de la police et des agents en civil alors qu’ils couvraient l’inauguration d’une bibliothèque indépendante, dans la ville de Florida (région de Camagüey, centre) (consulter l’alerte d’IFEX du 28 decembre 2001). Créées par des particuliers, les bibliothèques indépendantes proposent notamment des livres interdits par le régime.
À Cuba, seule la presse officielle est autorisée. Les journalistes indépendants sont régulièrement qualifié de « contre-révolutionnaires » par les autorités qui maintiennent un harcèlement constant sur eux. Poussés à bout, une cinquantaine de journalistes ont dû s’exiler depuis 1995.