Ceci est la troisième partie d'une série en quatre consacrée aux hommes et aux femmes qui éclairent certaines des régions les plus sombres de la Syrie, souvent à leurs risques et périls.
Troisième partie: Radio Rozana (@RozanaRadio)
Au moment où le reste du monde contemple la guerre syrienne à la télévision et sur les écrans d’ordinateurs, les Syriens restés sur place sont souvent laissés dans l’ignorance. Avec les pannes d’électricité, l’accès hasardeux à l’Internet et la censure, la propagande se repend comme une traînée de poudre.
En Juin 2013, un groupe de journalistes en exil a cherché à changer cette situation. Ils ont lancé Radio Rozana, une station de radio indépendante en langue arabe qui diffuse à partir de Paris et est destinée à tous les Syriens, sans considération d’affiliations politiques ou religieuses.
Cette station de radio, qui est soutenue par International Média Support (IMS), Reporters sans frontières (RSF) et d’autres organisations, facilite régulièrement la formation des médias et le soutien psychologique dans les environs de la Turquie pour ses journalistes travaillant à l’intérieur de la Syrie.
Selon IMS, Radio Rozana, qui employait 30 journalistes travaillant de manière anonyme à l’intérieur de la Syrie, emploi maintenant plus de 60 journalistes sur le terrain, diffuse en ligne 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 et huit heures par jour sur la bande FM et par satellite.
Elle offre à ses auditeurs non seulement des nouvelles de première main venant des territoires conquis et perdus mais aussi des programmes sur les préoccupations quotidiennes et pratiques de Syriens dans les différentes régions, des nouvelles de ceux qui ont demandé asile ailleurs, et parfois même une dose de secours comique. Pour ses correspondants sur le terrain, Radio Rozana utilise des pseudonymes et, dans certains cas, modifie leurs voix lors de la diffusion sur les ondes. Son site Internet est bloqué en Syrie mais il peut être accessible par le lien alternatif suivant: www.rozana-sy.fm.
Rozana aussi a eu sa part des pertes tragiques. « Nous avons perdu un de nos membres à Idlib [sous le feu des rebelles] et un autre à Hama… Deux de nos membres sont également détenus et nous ne savons rien à leur sujet », a déclaré Lina Chawaf, responsable des programmes à Radio Rozana.
Dans son travail et ses relations avec les journalistes sur le terrain, Radio Rozana est toujours à la recherche de l’objectivité. Dans des interviews antérieures, Chawaf avait admis qu’il est parfois difficile pour les journalistes sur le terrain de rester impartial. Après tout, ils font des reportages sur la situation de leur propre peuple. « Mais en tant que journaliste, vous devez être neutre, c’est ce que nous leur apprenons en Turquie. Il faut séparer les sentiments de la vérité », avait-elle dit au magazine Verge en juillet 2013, à peine un mois après le lancement de la radio. Aujourd’hui, elle s’en tient toujours à cette ligne éditoriale.