(RSF/IFEX) – À l’issue d’un déplacement en Haïti, José Luis Ortega et Charo Fernández, les parents de Ricardo Ortega, de la chaîne privée espagnole Antena 3, ont rendu publiques, le 9 mai 2008, les conclusions de l’enquête menée par la justice haïtienne sur la mort de leur fils, tué par balles le 7 mars 2004 […]
(RSF/IFEX) – À l’issue d’un déplacement en Haïti, José Luis Ortega et Charo Fernández, les parents de Ricardo Ortega, de la chaîne privée espagnole Antena 3, ont rendu publiques, le 9 mai 2008, les conclusions de l’enquête menée par la justice haïtienne sur la mort de leur fils, tué par balles le 7 mars 2004 à Port-au-Prince. L’ordonnance du juge Bernard Saint-Vil a mis officiellement en cause la force d’interposition étrangère présente dans le pays entre la chute du président Jean-Bertrand Aristide, le 29 février 2004, et l’entrée en fonctions de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah), le 1er juin 2004. Reporters sans frontières plaide avec la famille pour une poursuite de l’enquête au niveau international.
« Les conclusions du juge Bernard Saint-Vil invalident la thèse, qui a longtemps circulé, selon laquelle les balles qui avaient mortellement blessé Ricardo Ortega provenaient des rangs des partisans de Jean-Bertrand Aristide, lors des manifestations postérieures à l’éviction du pouvoir de ce dernier. Compte tenu de la relative ancienneté des faits, des circonstances du décès et de l’implication d’une force militaire étrangère, la poursuite de l’enquête au niveau international, et en particulier aux États Unis, s’annonce difficile. C’est pourquoi nous nous associons à la demande des parents de Ricardo Ortega pour que le gouvernement espagnol saisisse les gouvernements des pays représentés dans la force intérimaire à l’époque du drame », a déclaré Reporters sans frontières.
Envoyé spécial d’Antena 3 en Haïti, Ricardo Ortega était arrivé sur place le 28 février 2004, soit un jour avant le départ de Jean-Bertrand Aristide de la présidence. Le 7 mars 2004, lors d’émeutes entre partisans et opposants du président déchu, Ricardo Ortega et son traducteur avaient dû porter secours à un collègue américain blessé dans les échanges de tirs. En quittant le patio de l’immeuble où il s’était réfugié, en traversant une rue, le journaliste espagnol avait été touché au thorax et à l’abdomen. Son décès avait été constaté peu après son transfert à l’hôpital du Canapé-Vert. Le traducteur de Ricardo Ortega avait également péri.
L’enquête a d’abord privilégié la piste des partisans armés de Jean-Bertrand Aristide. Mais selon des témoignages recueillis par Jesús Martín, un autre journaliste d’Antena 3 dépêché sur place six mois plus tard, sont venus confirmer la thèse de tirs provenant des troupes américaines, « sans qu’à aucun moment se soit produit un fait que le militaire ait pu interpréter comme une menace », selon le communiqué émanant de la famille Ortega. Le contingent étranger présent en Haïti avant le déploiement de la Minustah se composait de soldats américains, canadiens, français et chiliens.
Mise à jour du cas Ortega: http://ifex.org/fr/content/view/full/60025