Les locaux du groupe Copesa abritant le siège de "La Tercera", l'un des deux principaux quotidiens du pays, ont été endommagés par l'explosion d'une bombe artisanale qui n'a heureusement pas fait de blessés.
(RSF/IFEX) – Le 10 novembre 2011 – Le dialogue de sourds perdure entre le gouvernement et le vaste mouvement protestataire, emmené par les étudiants, qui traverse le pays depuis le début de l’année. Dans un climat de tension sociale accrue, où les débordements violents polluent des manifestations en général pacifiques et où les journalistes sont de plus en plus exposés aux réactions répressives et hostiles, Reporters sans frontières craint désormais des répercussions dommageables pour l’activité des médias au détriment d’un nécessaire débat public.
« Qu’elle soit alternative ou traditionnelle, c’est la presse chilienne dans son ensemble qui est affectée par les récentes attaques en ligne contre trois sites d’informations ou l’attentat à la bombe artisanale contre le groupe Copesa, éditeur du quotidien La Tercera. Ce climat doit cesser grâce à l’action de la justice mais également via la réponse politique à la demande citoyenne de pluralisme. Ce large débat, mobilisant toute la société, ne peut plus attendre. En son absence, l’intolérance risque d’accélérer une polarisation dangereuse », a déclaré Reporters sans frontières.
Craignant lui aussi cette polarisation, Mauricio Tolosa, cofondateur et animateur de Sitiocero ( http://sitiocero.net/ ) a été la cible le 4 novembre dernier, qui lui a fait perdre tous ses documents enregistrés depuis le mois de juin et l’a obligé à suspendre son activité pendant vingt-quatre heures. Les sites alternatifs La Otra Voz ( http://www.laotravoz.cl/ ) et Puro Periodismo ( http://www.puroperiodismo.cl/ ) ont également subi des offensives en ligne pendant la même période mais sans connaître les mêmes dommages. « Tant notre site que les deux autres sont des supports d’analyse, de mise en contexte, qui brassent des thèmes larges et d’intérêt citoyen, et non pas directement des sites politiques et militants », a déploré auprès de Reporters sans frontières Mauricio Tolosa, qui revendique environ 200 000 visiteurs sur les pages du site au cours des six derniers mois. D’après une source proche des Anonymous contactée par la rédaction de Sitiocero, les hackers appartiendraient à la mouvance néonazie.
Trois jours plus tôt, toujours à Santiago, les locaux du groupe Copesa abritant le siège de La Tercera, l’un des deux principaux quotidiens du pays, ont été endommagés par l’explosion d’une bombe artisanale qui n’a heureusement pas fait de blessés. Cet attentat a été revendiqué en ligne trois jours plus tard par un mystérieux Commando autonome Voltaire Argandoña/F.A.I-F.R.I, qui prétend « générer l’insécurité » contre La Tercera et cible en particulier les journalistes Andrés López et Sebastián Labrín.
Reporters sans frontières condamne sans réserve des actes de violences assortis d’incitation à la haine et de menaces contre la vie d’autrui. Notre organisation attend les résultats des enquêtes en cours dans des affaires qui sont autant de mauvais signaux pour la libre circulation des idées et des opinions.