Un haut responsable du ministère de l'Intérieur a déclaré que la liberté d'information constituait "une menace pour la sécurité intérieure" et que dorénavant les journalistes ne doivent plus publier d'informations relatives aux affaires de meurtres et d'arrestations, sans le consentement du ministère.
(RSF/IFEX) – Le 4 août 2011 – Reporters sans frontières dénonce les agressions à répétition contre les professionnels de l’information, notamment les équipes de chaînes de télévision, par les forces de l’ordre. Violences physiques, confiscations de matériel, interdictions de poursuivre leur travail – les entraves sont quotidiennes, malgré les appels de Reporters sans frontières au gouvernement irakien.
De plus, l’organisation est particulièrement préoccupée par la déclaration d’un haut responsable du ministère de l’Intérieur, Adnan Al-Asadi, le 31 juillet 2011, affirmant que la liberté d’information en Irak constituait « une menace pour la sécurité intérieure ». Selon lui, dorénavant les journalistes ne doivent plus publier d’informations relatives aux affaires de meurtres et d’arrestations, sans le consentement du ministère, pour maintenir la sécurité dans le pays. Cette déclaration confirme les restrictions apportées au travail des professionnels de l’information observées par Reporters sans frontières depuis plusieurs mois.
L’organisation a appris l’interpellation de Haidar Abid Hassan, cameraman à la chaîne Salaheddine, le 28 juillet 2011, dans la ville de Tikrit (185 km au nord de Bagdad), par les forces de sécurité alors qu’il couvrait une explosion survenue dans le centre de la ville, qui a fait quinze morts et près d’une quarantaine de blessés. Il a été emmené de force dans une voiture militaire et frappé par des soldats. Il a par la suite été sujet à des pressions psychologiques en raison de ses activités journalistiques. Le même jour, de nombreux journalistes ont été la cible d’attaques par les forces de l’ordre.
Le 22 juillet, lors d’une manifestation sur la place Tahrir, à Bagdad, le photographe Saad Allah Al-Khaledi a été interpellé par les services de sécurité qui l’ont forcé à monter dans une voiture avant de le battre. Une arme sur la tempe, il a été menacé de mort. Il a témoigné auprès du Journalism Freedom Observatory, organisation partenaire de Reporters sans frontières en Irak, qu’il avait les yeux bandés et les mains ligotées quand il a entendu ses ravisseurs se dire entre eux : « Ecarte-toi de lui, pour ne pas te salir de son sang lorsque je lui tirerai une balle dans la tête ».
Cinq jours plus tôt, le 17 juillet, l’équipe du programme « Sabahak ya Irak » de la chaîne Al-Baghdadiya avait également été violemment prise à partie par les forces de l’ordre. Leur générateur a été détruit et l’ingénieur du son a été blessé.
Le 13 juillet dernier, une équipe de la chaîne Al-Babliya a été agressée et insultée par des représentants des forces de l’ordre devant témoins dans le parc de Zawra au centre de Bagdad, alors qu’elle effectuait un reportage.
En outre, les autorités irakiennes ont interdit aux médias de rencontrer les victimes de l’attentat survenu près de l’hôtel Rashid le 4 juillet dernier ainsi que leurs proches, et ce sans justification.
L’organisation prend note de la décision du Premier ministre Nouri Al-Maliki de revenir sur le limogeage par le « Conseil de sécurité de l’audiovisuel » du rédacteur en chef du journal Al-Sabah, Abd Al-Satar Al-Baydani, en poste depuis mars 2011. Son licenciement avait pour motif la révélation de fausses informations sur les relations entre l’Irak et le Koweït.