Homère Cardichon couvrait une manifestation devant le siège de l'ambassade des États-Unis.
(RSF/IFEX) – Trois semaines après le séisme, la presse haïtienne a connu un premier incident sérieux avec l’armée américaine. Photographe du quotidien « Le Nouvelliste », Homère Cardichon s’est vu confisquer son appareil par des marines alors qu’il couvrait une manifestation de mécontentement des populations devant le siège de l’ambassade des États-Unis, le 3 février 2010 à Tabarre, un faubourg de Port-au-Prince. Nous appelons la ministre de la Culture et des Communications, Marie-Laurence Jocelyn-Lassègue, à exiger des explications des représentants de l’état-major américain.
« Six marines se sont approchés de moi, m’ont encerclé avant de prendre mon appareil dans mon sac de travail ouvert. Ils sont ensuite partis avec. Une heure plus tard, l’un d’entre eux est revenu pour me photographier et me rendre mon appareil. J’ai constaté que les soldats avaient détruit certaines photos », nous a confié Homère Cardichon.
Le mécontentement des populations s’accroît vis-à-vis des nations engagées dans l’aide humanitaire de l’après-séisme, aux premières desquelles les États-Unis. Croyant sans doute préserver leur propre image, les soldats américains ont réagi de la pire des manières. Cet incident, outre qu’il constitue un acte de censure flagrant, nuit davantage à leur réputation auprès des Haïtiens. Le gouvernement est en droit d’attendre une explication de l’état-major américain, dans l’espoir qu’un tel épisode ne se reproduira plus.
L’information est indispensable à la reconstruction d’Haïti et à la mobilisation de ses citoyens pour leur propre avenir. En matière de presse, la parole doit revenir en priorité aux journalistes locaux.