(RSF/IFEX) – RSF a exprimé sa préoccupation alors que Carlos Brizuela Yera, collaborateur de l’agence Colegio de Periodistas Independientes de Camaguey (CPIC), et Léxter Téllez Castro, directeur de l’agence Agencia de Prensa Libre Avileña (APLA), pourraient être condamnés respectivement à cinq et six ans de prison. Les deux journalistes sont incarcérés depuis le 4 mars […]
(RSF/IFEX) – RSF a exprimé sa préoccupation alors que Carlos Brizuela Yera, collaborateur de l’agence Colegio de Periodistas Independientes de Camaguey (CPIC), et Léxter Téllez Castro, directeur de l’agence Agencia de Prensa Libre Avileña (APLA), pourraient être condamnés respectivement à cinq et six ans de prison. Les deux journalistes sont incarcérés depuis le 4 mars 2002.
Dans une lettre adressée à Fidel Castro, chef de l’État cubain, l’organisation a demandé la libération immédiate et sans conditions des deux professionnels de l’information et l’abandon des poursuites engagées à leur encontre. « Si les deux hommes devaient être condamnés, cela porterait à trois le nombre de journalistes emprisonnés pour « outrage » au chef de l’État. Seules quelques dictatures à travers le monde ont encore recours à ce motif d’emprisonnement », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF. Ce dernier a rappelé que « Cuba est le seul pays d’Amérique latine où des journalistes sont encore emprisonnés ». Dans un rapport publié en janvier 2000, le rapporteur spécial sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression des Nations Unies, Abid Hussain, a affirmé que « l’emprisonnement en tant que condamnation de l’expression pacifique d’une opinion constitue une violation grave des droits de l’homme ».
L’organisation a également exigé la libération des journalistes indépendants Carlos Alberto Domínguez, incarcéré depuis février 2002, et Bernardo Arévalo Padron, condamné à six ans de prison en novembre 1997, pour « outrage » au chef de l’État.
Selon les informations recueillies par RSF, le parquet de la province de Ciego de Avila (centre du pays) a requis une peine de six ans de prison à l’encontre de Téllez Castro, directeur de l’agence APLA, et de cinq ans contre Brizuela Yera, collaborateur de l’agence CPIC. Selon une note diffusée sur le site www.cubanet.org, les huit défenseurs des droits de l’homme arrêtés en même temps que les deux journalistes risquent également des peines de prison allant de deux à sept ans. Tous sont poursuivis pour « outrage » au président Castro, « trouble de l’ordre public » et « refus d’obtempérer ». La date du procès n’a pas encore été fixée.
Le 4 mars, Téllez Castro et Brizuela Yera ont été frappés puis arrêtés, avec huit militants des droits de l’homme, par des agents des forces de l’ordre. Les deux journalistes ont été interpellés alors qu’ils se rendaient au chevet de Jesús Alvarez Castillo, correspondant de l’agence Cuba Press à Ciego de Avila, hospitalisé après avoir été agressé par des agents des forces de l’ordre. Téllez Castro se trouve actuellement dans la prison de Canaleta, à Ciego de Avila. Brizuela Yera est incarcéré dans un centre de détention de la province de Holguín (Est). Les deux hommes ont fait sortir plusieurs rapports décrivant leurs difficiles conditions de détention.
Deux autres journalistes sont actuellement détenus à Cuba. Domínguez, de l’agence indépendante Cuba Verdad, a été arrêté à son domicile par quatre agents de la sécurité d’État, le 23 février. Le journaliste serait accusé de « troubles de l’ordre public » et « refus d’obtempérer » (consulter d’alertes de l’IFEX du 2 juillet, 15 mai et 18 mars 2002). Arévalo Padron, fondateur de l’agence de presse indépendante Línea Sur Press, a été condamné en appel, le 28 novembre 1997, à six ans de prison pour « outrage » envers le président Castro et le vice-président Carlos Lage. Ses demandes de liberté conditionnelle ont été rejetées à plusieurs reprises, alors qu’il peut théoriquement bénéficier d’une telle libération depuis octobre 2000, après avoir purgé la moitié de sa peine (consulter des alertes de l’IFEX du 23 août, 15 mai et 23 janvier 2002, 4 juillet, 4 mai et 26 mars 2001, 25 juillet 2000, 22 octobre et 17 juin 1999, 29 avril et 16 mars 1998).
À Cuba, seule la presse officielle est autorisée. Interdits de publier dans leur pays, une centaine de journalistes indépendants comptent sur les associations de Cubains exilés aux États-Unis pour diffuser leurs informations, le plus souvent sur des sites Internet. En 2001, une trentaine d’interpellations et près d’une centaine d’actes de harcèlement à leur encontre ont été recensés par RSF. Poussés à bout, une cinquantaine de journalistes indépendants ont dû s’exiler depuis 1995. Castro est l’un des quarante-deux prédateurs de la liberté de la presse dans le monde.