Khaled Mohammed Said a été battu à mort pour avoir posté sur Internet une vidéo montrant des policiers se partageant les profits d'un échange de drogue.
(RSF/IFEX) – Les autorités égyptiennes ont annoncé, le 3 juillet 2010, poursuivre en justice les deux policiers égyptiens impliqués dans la mort d’un jeune internaute à Alexandrie le 6 juin. L’accusation de meurtre n’a cependant pas été retenue.
Khaled Mohammed Said avait été battu à mort devant un cybercafé après avoir été interpellé par deux policiers en civil. D’après sa famille et des organisations locales des droits de l’homme, il avait posté sur Internet une vidéo montrant des policiers se partageant les profits d’un échange de drogue.
Les deux policiers, Mahmoud Salah Amin et Awad Ismaïl Souleimane, ont été inculpés pour « arrestation arbitraire, torture et usage excessif de la force ».
« Les poursuites contre des policiers responsables d’abus sont rares en Égypte et cette inculpation représente un pas dans la bonne direction. En revanche, nous demandons à la justice égyptienne d’aller jusqu’au bout et de retenir l’accusation de ‘meurtre’. Il nous semble inconcevable que les policiers comparaissent pour avoir donné les coups sans que la conséquence tragique de ces actes – la mort de la victime – ne soit prise en compte « , a déclaré Reporters sans frontières.
Peu de temps après la mort de Khaled Mohammed Said, l’organisation avait fait part de sa profonde indignation et demandé l’ouverture d’une enquête indépendante sur cette tragédie.
Dans un premier temps, les autorités avaient nié l’implication des deux policiers. Quand la famille de la victime a porté plainte auprès du parquet le lundi 7 juin 2010, la police avait déjà déposé un rapport affirmant que Khaled Mohammed Said était mort des suites d’une overdose. Selon elle, il avait avalé un sachet de drogue juste avant son interpellation.
La mort du jeune homme a suscité de nombreuses manifestations en Égypte et des dénonciations d’organisations de droits de l’homme. L’Union européenne a appelé à une enquête « impartiale ».