Luis Enrique Acosta et Carmen Cecilia Nares ont été officiellement inculpés de "diffusion de fausses nouvelles", destinée à déstabiliser le système bancaire et à nuire à l'économie du pays.
(RSF/IFEX) – Lors de l’audience, lundi 12 juillet 2010, du tribunal de première instance de l’État de Bolivar, les deux utilisateurs de Twitter arrêtés le 8 juillet ont été officiellement inculpés de « diffusion de fausses nouvelles », destinée à déstabiliser le système bancaire et à nuire à l’économie du pays, en vertu de l’article 448 de la loi sur les banques de 2001. Luis Enrique Acosta et Carmen Cecilia Nares risquent entre neuf et onze ans de prison pour avoir simplement exprimé leurs opinions en ligne. Leurs comptes Twitter sont @leaoxford et @carmennares. Jusqu’au 12 juillet, Luis Enrique Acosta avait 225 abonnés et avait posté 201 messages, alors que seulement 6 personnes suivaient Carmen Cecilia Nares, dont le nombre de tweet posté était nul.
Leur influence visiblement limitée sur la Toile décribilise la thèse du gouvernement selon laquelle ces deux individus seraient engagés dans des activités destinées à saper le système bancaire national.
Les deux internautes ont été placés en liberté conditionnelle dans l’attente de leur procès. Ils devront se présenter tous les quinze jours devant le tribunal. Il leur est également interdit de continuer à diffuser ce type de messages, comme le prévoit l’article 256 du code pénal. Reporters sans frontières exige l’abandon immédiat des charges qui pèsent contre eux.
Par ailleurs, le harcèlement judiciaire contre le site d’informations Noticiero Digital se poursuit. Le 12 juillet 2010, les membres de sa rédaction ont dû se présenter devant le parquet général de la République à Caracas, au sujet de l’affaire Olivares. Des poursuites ont été engagées le 8 juin par le parquet contre Noticiero Digital pour de présumés « atteinte à l’ordre constitutionnel » et « soutien à un coup d’État » suite à une tribune, publiée sur le site le 2 juin, et signée de Roberto Carlos Olivares. Cette dernière faisait état d’une mobilisation de « militaires à la retraite et de patriotes » avec pour objectif une « transition civico-militaire » au sommet du pouvoir à l’horizon 2011. Le 11 juin, le rédacteur en chef du site, Juan Eduardo Smith, avait déjà été convoqué dans cette même affaire.