Jamal Osman Hamad a été convoqué par les forces de sécurité le 24 octobre à Khartoum, et se trouve à présent détenu dans un endroit inconnu de la capitale. Son portable est éteint depuis son arrestation et aucun de ses collègues ou membres de sa famille n'a pu obtenir de ses nouvelles.
(RSF/IFEX) – Le 27 octobre 2011 – Reporters sans frontières exprime sa vive inquiétude après l’arrestation, le 24 octobre à Khartoum, du journaliste érythréen Jamal Osman Hamad et appelle les autorités soudanaises à sa libération. Dans le contexte du réchauffement des relations entre l’Erythrée et le Soudan, l’organisation se déclare également inquiète du sort des journalistes et défenseurs des droits l’homme érythréens réfugiés sur le sol soudanais.
« La situation à laquelle est confrontée Jamal Osman Hamad est extrêmement préoccupante », a déclaré Reporters sans frontières. « Le journaliste est détenu au secret depuis trois jours et nous craignons qu’il soit expulsé vers son pays d’origine, l’Erythrée, où la situation de la liberté de la presse est l’une des plus alarmantes au monde. Un retour forcé dans son pays le condamnerait à un sort intolérable. Nous demandons aux autorités soudanaises de ne pas expulser Jamal Hamad vers l’Erythrée et appelons l’Union Européenne ainsi que la communauté internationale à se mobiliser sans plus tarder afin d’empêcher une telle tragédie. Jamal Hamad doit être libéré au plus vite, » a déclaré l’organisation.
L’arrestation du journaliste survient moins d’une semaine après la visite officielle au cours de laquelle le président érythréen Issaias Afeworki et son homologue soudanais ont inauguré l’ouverture d’une route reliant les deux pays dans la ville de Kassala. Le 17 octobre, trois cents ressortissants érythréens étaient expulsés vers leur pays d’origine sans que le Haut commissariat pour les réfugiés des Nations unies ait pu se pencher sur leurs cas.
« Reporters sans frontières estime fondée la condamnation de l’attitude des autorités soudanaise par le Haut Commissariat pour les réfugiés des Nations unies (UNHCR). Cet événement démontre malheureusement que l’agence onusienne n’est pas en mesure de garantir la sécurité de ceux qui ont fui les persécutions du régime d’Asmara. Nous demandons donc au UNHCR d’appeler les Etats tiers à délivrer des visas en urgence aux défenseurs des droits de l’homme érythréens réfugiés au Soudan, » a ajouté Jean-François Julliard, secrétaire général de Reporters sans frontières.
Jamal Osman Hamad, éditorialiste et journaliste érythréen responsable du site d’information d’opposition http://www.adoulis.com , a été convoqué par les forces de sécurité soudanaises le 24 octobre à Khartoum, et se trouve à présent détenu dans un endroit inconnu de la capitale. Son portable est éteint depuis son arrestation et aucun de ses collègues ou membres de sa famille n’a pu obtenir de ses nouvelles. Travaillant au Soudan depuis de nombreuses années, Jamal Hamad est connu pour ses critiques du président Issaias Afeworki et ses articles relatifs à la situation politique de la Corne de l’Afrique.
Avec 34 journalistes actuellement emprisonnés en raison de leur activité professionnelle et quatre reporters décédés dans les geôles du pays durant ces 10 dernières années, l’Erythrée figure en dernière position du classement mondial sur la liberté de la presse établi par l’organisation en 2010.
A l’occasion du dixième anniversaire des grandes rafles de journalistes et de la suspension de la presse privée dans ce pays, le 10 septembre 2011, Reporters sans frontières a lancé une campagne de communication internationale en français, anglais, espagnol, allemand, suédois, italien et tigrinya. L’organisation publie également la liste actualisée des journalistes emprisonnés dans le pays et se souvient du sort de Paulos Kidane, abattu en 2007 alors qu’il tentait de fuir l’Erythrée pour le Soudan.