La libération de Mahmoud Hussein reste conditionnelle. Plusieurs fois par semaine, il devra se présenter au commissariat pour répondre à des interrogatoires et rendre compte de ses activités.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 6 février 2021.
Le journaliste d’Al Jazeera Mahmoud Hussein a été libéré après plus de quatre ans passés en détention préventive. Reporters sans frontières (RSF) se félicite de cette décision bien que sa libération soit sous conditions.
Il était la victime collatérale des tensions entre l’Egypte et le Qatar : le journaliste d’Al Jazeera Mahmoud Hussein a enfin recouvré la liberté et a pu retrouver ses proches après plus de quatre ans passés derrière les barreaux, a appris RSF. Il avait été arrêté dès son arrivée en Egypte, le 23 décembre 2016, alors qu’il revenait du Qatar où il officiait comme producteur au siège de la chaîne. Mahmoud Hussein avait ensuite été placé en détention préventive pour “appartenance à un groupe terroriste” et “diffusion de fausses nouvelles”. L’Egypte reproche à Al Jazeera sa couverture favorable aux Frères musulmans, considérés comme une organisation terroriste par le Caire, et dont l’ancien président Mohamed Morsi était issu.
“Quel énorme soulagement pour Mahmoud Hussein et sa famille, se réjouit la responsable du bureau Moyen-Orient de RSF Sabrina Bennoui. Après quatre années interminables de détention arbitraire, la libération du journaliste montre que les charges qui pesaient contre lui étaient totalement infondées et que son seul tort était d’avoir travaillé pour Al Jazeera. Mais il n’a pas obtenu gain de cause pour autant car sa libération conditionnelle lui confère un statut de suspect perpétuel aux yeux des autorités. »
La détention du journaliste a été reconduite indéfiniment jusqu’à une première décision de justice approuvant sa libération le 23 mai 2019. Mais, contre toute attente et à la dernière minute, une nouvelle enquête a été ouverte contre lui, portant sur les mêmes charges et entraînant une nouvelle prolongation de sa détention. Malgré les appels répétés de sa famille, le journaliste n’avait pas, non plus, pu obtenir de permission pour se rendre au chevet de son père malade. Ce n’est qu’après son décès, en novembre 2019, qu’il a été autorisé à assister aux funérailles.
En janvier 2020, dans un reportage visant à montrer les conditions de détention en prison, Mahmoud Hussein était apparu devant les caméras et s’était exprimé au micro des journalistes. Les médias pro-gouvernementaux avaient largement diffusé les images et titré : “Le correspondant d’Al Jazeera la terroriste reconnaît être bien traité en prison et recevoir les soins médicaux nécessaires ».
La libération de Mahmoud Hussein reste conditionnelle. Plusieurs fois par semaine, il devra se présenter au commissariat pour répondre à des interrogatoires et rendre compte de ses activités.
Le nombre de journalistes et blogueurs emprisonnés en Egypte s’élève désormais à 33, soit le plus élevé dans le monde, derrière la Chine et l’Arabie saoudite.
L’Egypte occupe la 166e place au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.