Alors que le président français Emmanuel Macron entame une visite d'Etat en Egypte le 27 janvier prochain, RSF rappelle qu'au moins 32 journalistes se trouvent actuellement derrière les barreaux.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 23 janvier 2019.
Alors que le président français Emmanuel Macron entame une visite d’Etat en Egypte le 27 janvier prochain, Reporters sans frontières (RSF) rappelle qu’au moins 32 journalistes se trouvent actuellement derrière les barreaux. L’organisation publie les portraits de dix cas emblématiques, emprisonnés depuis l’arrivée au pouvoir du président Abdel Fatah al-Sissi.
Au moins 32 journalistes égyptiens se trouvent actuellement derrière les barreaux, d’après des informations recueillies par RSF. La plupart d’entre eux sont maintenus en détention provisoire, parfois bien au-delà du maximum légal, et ne savent pas exactement ce qui leur est officiellement reproché. Quatre d’entre eux ont été condamnés dans des procès militaires, par nature opaques et abusifs pour des civils. L’Egypte occupe la 161e place du Classement de RSF.
Les autorités égyptiennes assimilent l’exercice critique du journalisme à une menace grave pour la sécurité de l’Etat. Les journalistes emprisonnés travaillaient généralement pour des médias d’opposition bannis par les autorités ou sur des sujets sensibles. C’est le cas du photojournaliste Shawkan qui s’apprêtait à couvrir la dispersion sanglante d’un sit-in de Frères musulmans au moment de son arrestation ; du journaliste et chercheur Ismaïl Alexandrani qui écrivait sur les opérations militaires antiterroristes dans la région du Sinaï ; du journaliste indépendant Mohamed al Husseini Hassan, qui a tenté de réaliser un reportage sur l’inflation galopante ou de Moataz Wednan qui a réalisé une interview avec une figure de l’anti-corruption sur des dossiers incriminant l’appareil d’Etat.
Au-delà de leur détention arbitraire, les journalistes emprisonnés sont aussi confrontés à de mauvaises conditions de détention et souffrent de défauts de soins. D’après des informations recueillies par RSF, le journaliste et défenseur des droits Hisham Gaafar nécessite notamment une intervention chirurgicale urgente, qui a été repoussée pendant des mois. Le système public de santé est souvent défaillant en Egypte mais l’organisation carcérale rend la situation dramatique. Les proches des prisonniers font même état de tentatives de suicide.
La persécution des journalistes égyptiens ne s’arrête pas après leur sortie de prison : une fois libérés, ils doivent généralement pointer au commissariat plusieurs fois par semaine. Ils ont également interdiction de sortir du territoire, ou sont menacés de nouvelles poursuites.
Aujourd’hui, RSF publie les portraits de dix cas emblématiques.
Mahmoud Abu Zeid dit Shawkan, photojournaliste indépendant
Lire l’article de RSF pour les portraits de:
Omar Mohamed Ali, reporter d’images indépendant
Ismail Alexandrani, journaliste et chercheur spécialiste des mouvements djihadistes dans la péninsule du Sinaï
Mahmoud Hussein Gomaa, journaliste d’Al Jazeera (média interdit en Egypte)
Hisham Gaafar, journaliste et défenseur des droits humains
Moataz Wednan, journaliste, notamment pour le Huffington Post (bloqué en Egypte)
Mohamed Ibrahim Mohamed Radwan dit Mohamed Oxygen, blogueur vidéo
Mohamed al Husseini Hassan, reporter d’images indépendant
Hassan al Banna Moubarak, journaliste indépendant en début de carrière
Ahmed al Sakhawy, reporter d’images indépendant
RSF