Plus de cinq ans et demi après son arrestation alors qu'il s'apprêtait à couvrir la sanglante dispersion d'un sit-in en soutien aux Frères musulmans, Mahmoud Abou Zeid dit Shawkan est sorti de prison à l'aube ce lundi 4 mars 2019, mais il n'est qu'à moitié libre.
Le photojournaliste égyptien Mahmoud Abou Zeid dit Shawkan a enfin pu retrouver les siens après plus de cinq ans et demi derrière les barreaux. Reporters sans frontières se félicite de cette libération mais dénonce le fait qu’elle ne soit pas totale : Shawkan doit encore passer 12 heures par jour au poste de police pendant cinq ans.
Plus de cinq ans et demi après son arrestation alors qu’il s’apprêtait à couvrir la sanglante dispersion d’un sit-in en soutien aux Frères musulmans, Mahmoud Abou Zeid dit Shawkan est sorti de prison à l’aube ce lundi 4 mars 2019, mais il n’est qu’à moitié libre : le photojournaliste égyptien est soumis à un contrôle judiciaire strict et doit encore passer une partie de ses journées et toutes ses nuits dans une cellule de commissariat, de six heures du soir à six heures du matin, et ce pendant cinq ans. Un appel est en cours: s’il est accepté, Shawkan pourra se voir libéré de la contrainte des nuits au commissariat.
« Shawkan doit encore retrouver une totale liberté, et pas seulement douze heures par jour, déclare Sophie Anmuth, responsable du desk Moyen-Orient à RSF. Une première bataille a été gagnée et nous remercions tous ceux qui se sont joints à nos efforts pour demander sa libération. La mobilisation reste entière pendant la procédure d’appel de Shawkan mais aussi pour obtenir la libération des plus de trente journalistes emprisonnés pour leur travail en Egypte. »
Depuis plus de cinq ans Reporters sans frontières se mobilise autour du cas de Shawkan. RSF a notamment lancé la campagne #MyPicForShawkan qui a été très suivie sur les réseaux sociaux, y compris en Egypte, malgré les risques que cela impliquait pour les participants. Une mobilisation organisée par le bureau de RSF à Washington a parallèlement permis une adoption du cas de Shawkan par la Commission des droits de l’homme du Congrès américain. RSF, conjointement avec Amnesty International France, avait également lancé une opération « coup de poing » devant l’ambassade égyptienne à Paris, pour demander la libération immédiate et inconditionnelle du photographe à quelques jours du verdict. L’organisation avait également présenté la candidature de Shawkan, qui a été nommé lauréat du prix UNESCO pour la liberté de la presse en 2018.
Après plus de deux ans de détention arbitraire, Shawkan a été jugé dans un procès de masse, avec près de 700 autres co-accusés. A l’issue d’une procédure qui a duré plus de deux ans, il a été condamné l’année dernière au temps qu’il avait déjà purgé en détention provisoire, à savoir 5 ans de prison. Le photographe a cependant dû passer 6 mois supplémentaires derrière les barreaux pour des raisons administratives kafkaïennes, avant de patienter, comme cela se fait couramment en Egypte, encore deux semaines dans un commissariat de police avant de pouvoir rentrer chez lui.
L’Egypte occupe la 161e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse 2018 établi par RSF. Le journalisme indépendant y est moribond. Au moins 32 journalistes professionnels ou non y sont actuellement privés de liberté pour leur travail d’information.