Ricardo González Alfonso, correspondant de RSF depuis 1998, a été emprisonné avec 74 autres opposants politiques lors du ''Printemps noir'' du 18 mars 2003, et condamné à 20 ans de prison.
(RSF/IFEX) – 21 juillet 2010 – Madrid le 16 juillet 2010, 14h00, à la cafeteria de l’hôtel Welcome où le gouvernement espagnol a hébergé les onze dissidents cubains libérés.
Sept d’entre eux sont journalistes. L’un d’eux, Ricardo González Alfonso, correspondant de Reporters sans frontières depuis 1998, a été emprisonné avec 74 autres opposants politiques lors du »Printemps noir » du 18 mars 2003, et condamné à 20 ans de prison.
Voici son témoignage, ses premières impressions et ses projets futurs.
Quelles sont vos premières émotions en sortant de prison?
Je suis à Madrid, mais mon esprit est encore à Cuba. Parfois, dans les discussions, je continue à dire »ici » en parlant de ma patrie. Pour la première fois après sept ans et quatre mois de détention, je peux me réveiller à côté de mon épouse. Dans la prison, il y avait des visites conjugales, d’abord tous les cinq mois, après, tous les trois mois, et finalement, tous les deux mois, mais c’était des visites de trois heures. Cela me manquait de me réveiller à côté de ma femme.
Pendant mon voyage en avion vers l’Espagne, j’ai vu pour la première fois depuis longtemps un couteau. Un couteau en métal, une chose si peu importante, mais interdite là-bas. Cela m’a surpris et presque fait peur. Une autre chose : l’émotion devant mon premier plat chaud après sept ans. C’est un mélange de plusieurs petites choses, mais elles peuvent donner une idée de la confusion que l’on ressent dans ces moments, et du besoin que l’on a de s’adapter psychologiquement aux nouvelles circonstances.
Comment avez-vous vécu votre libération, depuis le moment où vous avez appris la nouvelle, jusqu’à votre sortie de Cuba?
Tout a commencé avec une rumeur à l’hôpital national des reclus, où je suivais un traitement. Un prisonnier auquel qui je faisais confiance, m’a dit qu’il avait entendu à la radio que le gouvernement avait annoncé la libération de 45 prisonniers. Peu après, à l’hôpital, un autre collègue, Julio César Gálvez (journaliste aussi libéré), m’a confirmé la nouvelle, mais il n’avait pas plus d’informations. Quand je suis retourné dans ma cellule, j’ai demandé le journal le « Granma ». Il parlait des libérations, mais on ne connaissait pas les noms des prisonniers choisis. Le même jour, jeudi 8 juillet vers 18 heures, j’ai reçu un appel téléphonique du cardinal Jaime Ortega : l’archevêque de La Havane m’a informé que j’étais dans la liste de prisonniers libérés qui voyageraient en Espagne, si j’étais d’accord.
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