Le siège de la télévision d'État a été bombardé, un présentateur assassiné, deux journalistes sont kidnappés, un autre blessé et un dernier a reçu des menaces de morts.
(RSF/IFEX) – Le 6 août 2012 – Un attentat à la bombe a secoué, ce lundi 6 août 2012, le siège de la télévision d’État syrienne, au cœur du quartier ultra sécurisé des Omeyyades à Damas. L’explosif a soufflé les bureaux de l’administration, situés au troisième étage de l’immeuble. On ignore le nombre exact de blessés, ainsi que les fonctions qu’ils occupent au sein de la chaîne qui continue, malgré l’explosion, la diffusion de ses programmes. L’attaque survient deux jours après le violent assaut des rebelles contre le bâtiment de la télévision officielle à Alep et un mois après l’explosion qui a détruit en partie le siège de la chaîne pro-régime Al-Ekhbarya.
« Nous condamnons les attaques ciblées visant les sièges de la télévision officielle syrienne à Damas et à Alep ainsi que les assassinats et les enlèvements de journalistes. Nous rappelons que les médias ainsi que les journalistes, professionnels ou citoyens, ne doivent en aucun cas être pris pour cibles par les parties au conflit », a déclaré Reporters sans frontières.
« Nous demandons aux principales composantes de l’opposition, qu’elles soient civiles ou militaires, de dénoncer ces exactions. Nous condamnons également avec la plus grande fermeté la diffusion, par les médias, de messages incitant à la haine et à la violence contre les populations civiles. Les médias ne doivent pas se faire le relais de la propagande, quelle qu’elle soit », a ajouté l’organisation.
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme, le présentateur de la télévision officielle syrienne, Mohammad Saeed, enlevé le 19 juillet à son domicile à Damas, a été exécuté. L’enlèvement et l’exécution ont été revendiqués, le 3 août, par le groupe islamiste Al-Nosra, affirmant que le présentateur était un milicien pro-régime (chabbih) et qu’il avait été tué après son interrogatoire. Le texte revendiquant l’exécution a été mis en ligne sur un site où figure le drapeau d’Al-Qaïda et accompagné d’une photo du journaliste détenu par ses ravisseurs. Le directeur de la télévision officielle syrienne, Maan Saleh, n’a cependant pas confirmé l’information : « Nous n’avons pas de preuves matérielles sur la véracité de sa mort », a t-il déclaré à l’AFP. De son côté, l’Armée syrienne libre nie toute relation avec le rapt du journaliste et déclare n’avoir aucune responsabilité dans son meurtre.
Par ailleurs, Talal Janbakeli, cameraman de la télévision officielle syrienne, à Damas a été kidnappé, le 5 août, par la katiba Haroun Al-Rachid. Dans une vidéo filmée par ses ravisseurs, le journaliste n’apparaît pas dans son état normal, répétant les propos dictés par une personne hors champ, sur les exactions commises par l’armée du régime. Karim Chibani, correspondant de la chaîne, avait été blessé au dos par balle, alors qu’il couvrait le conflit dans le quartier Tadamoun à Damas, le samedi 4 août.
En outre, le site d’information Syria-news a annoncé la disparition de son journaliste Ahmed Thabet Mohssen depuis le 1er août 2012. Certaines sources proches du journaliste évoquent son arrestation avec un ami à un barrage de l’armée, dans la région de Qorra al-Assad près de Damas.
Enfin, le reporter de France24 en Syrie, Chady Chlela, a été contraint d’être évacué, le 29 juillet dernier, 48 heures seulement après son entrée dans le pays, suite à de graves menaces proférées à son encontre et relayées sur les réseaux sociaux, appelant à l’empêcher de travailler auprès des rebelles et le faisant passer pour un agent chiite à la solde du régime syrien. Le correspondant a déposé plainte pour « menace de mort » et incitation au meurtre auprès du parquet de Paris.