La pétition demande aux autorités de Hong Kong la libération immédiate de Jimmy Lai et de six de ses collaborateurs. Accusés de crimes liés à la sécurité nationale, ils risquent la réclusion à perpétuité.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 24 octobre 2022.
Reporters sans frontières (RSF) lance une pétition demandant aux autorités de Hong Kong la libération immédiate de Jimmy Lai, fondateur du média aujourd’hui fermé Apple Daily et lauréat du Prix RSF de la liberté de la presse 2020 et de six de ses collaborateurs. Accusés de crimes liés à la sécurité nationale, ils risquent la réclusion à perpétuité.
« Jimmy Lai, fondateur du média indépendant Apple Daily, a été un défenseur acharné de la liberté de la presse au cours des dernières décennies, malgré les persécutions politiques incessantes du gouvernement hongkongais et du régime chinois, » déclare le directeur du bureau Asie de l’Est de Reporters sans frontières (RSF), Cédric Alviani, qui a appelé la communauté internationale à « accroître la pression pour obtenir la libération de Jimmy Lai, de ses collaborateurs et de tous les autres défenseurs de la liberté de la presse détenus à Hong Kong et en Chine continentale. »
Détenu depuis décembre 2020, Jimmy Lai, 74 ans, risque une peine de prison à vie pour « collusion avec des forces étrangères » en vertu de la loi sur la sécurité nationale, adoptée par le régime chinois pour réprimer la dissidence à Hong Kong. Il a déjà été condamné à un total de 20 mois de prison pour avoir participé à quatre manifestations pro-démocratie « non autorisées » en 2019 et 2020. Outre Jimmy Lai, six anciens membres de l’équipe d’Apple Daily sont également détenus et risquent la prison à vie pour des charges similaires.
Alors que Jimmy Lai est détenu dans une prison de haute sécurité et qu’il s’est vu refuser à plusieurs reprises une libération sous caution au cours des deux dernières années, sa défense de la liberté de la presse reste inébranlable. « La situation de Hong Kong est de plus en plus inquiétante, mais c’est précisément pour cela que nous devons nous aimer et nous chérir davantage« , a écrit Jimmy Lai depuis sa prison en avril 2021, deux mois avant qu’Apple Daily ne soit contraint de fermer ses portes, appelant les journalistes à « rester debout et à garder la tête haute ».
« Le seul ‘crime’ de mon père est d’avoir fait campagne pour la démocratie face à la tyrannie. Pour cela il a déjà passé plus de deux ans en prison et risque de passer le reste de sa vie derrière les barreaux, » explique le fils de Jimmy Lai, Sebastian Lai. « Les autorités de Hong Kong et de Chine se servent du cas de mon père pour envoyer un message de menace à toutes les voix indépendantes des médias et de la société civile : taisez-vous ou vous serez les prochains, » poursuit-il, avant d’ajouter : « Je remercie RSF de s’exprimer et de se battre. Nous devons mettre en lumière ce qui arrive à mon père et à tous les autres Hongkongais visés. »
« Notre client, Jimmy Lai, risque le reste de sa vie derrière les barreaux pour avoir dit la vérité face au pouvoir, » déclare Caoilfhionn Gallagher, membre de l’équipe d’avocats internationaux de Jimmy Lai. « Le chef de l’exécutif de Hong Kong, John Lee, a annoncé la création d’un nouveau fonds d’investissement de plusieurs milliards de dollars et une série de mesures politiques visant à attirer les entreprises étrangères et les talents internationaux à Hong Kong. Mais tant que Jimmy Lai reste en prison et que la loi sur la sécurité nationale est toujours en vigueur, le monde peut constater que Hong Kong ne respecte pas les valeurs démocratiques et n’est pas un endroit sûr pour faire des affaires. »
Rien qu’au cours des deux dernières années, le régime chinois a utilisé la loi sur la sécurité nationale pour poursuivre au moins 23 défenseurs de la liberté de la presse à Hong Kong et fermer les principaux médias indépendants Apple Daily et Stand News, tandis que le climat de peur auquel sont confrontés les journalistes de Hong Kong a conduit au moins cinq petits médias à cesser leurs activités.
Dans un rapport intitulé Le grand bond en arrière du journalisme en Chine, publié l’année dernière, RSF a révélé le système de censure et de contrôle de l’information mis en place par le régime chinois et la menace globale qu’il représente pour la liberté de la presse et la démocratie.
Hong Kong, autrefois bastion de la liberté de la presse, a chuté de la 80e place en 2021 à la 148e place dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2022 de RSF, marquant ainsi la plus forte baisse de l’année. La Chine elle-même se classe 175e sur les 180 pays et territoires évalués.