"Nous sommes extrêmement soulagés qu'après plus de 800 jours, le calvaire de Jose Rubén Zamora dans une prison guatémaltèque ait enfin pris fin avec la décision du tribunal de le libérer et de l'assigner à résidence. Mais soyons clairs : l'assignation à résidence n'est pas la liberté" - RSF
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 19 octobre 2024.
Après plus de 800 jours passés derrière les barreaux, le directeur de publication d’elPeriódico, Jose Rubén Zamora, sera bientôt libéré provisoirement et assigné à résidence, suite à la décision d’un tribunal guatémaltèque le 18 octobre. Reporters sans frontières (RSF) se félicite de cette décision et est soulagée que Jose Rubén Zamora puisse rentrer chez lui, auprès des siens, mais continue de faire campagne pour sa libération totale et inconditionnelle.
La procédure judiciaire a duré plus de neuf heures en raison des tentatives du procureur de repousser l’audience, et ce, après les retards considérables enregistrés depuis l’arrestation de Jose Rubén Zamora le 29 juillet 2022. Le juge a affirmé que « la durée de la détention préventive autorisée par la loi a été dépassée » et a ordonné son assignation à résidence, assortie d’une interdiction de quitter le pays, son passeport devant rester sous la garde des autorités judiciaires. Aucune sanction financière n’a été imposée par le tribunal.
Cette décision relative aux affaires secondaires contre Jose Rubén Zamora était nécessaire pour ouvrir la voie à sa libération provisoire suite à une décision similaire prise par le tribunal dans l’affaire principale contre lui précédemment. Il est prévu que le journaliste, âgé de 68 ans, soit transféré à son domicile de Guatemala City le 22 octobre. À sa libération, il aura passé 816 jours en prison.
« Nous sommes extrêmement soulagés qu’après plus de 800 jours, le calvaire de Jose Rubén Zamora dans une prison guatémaltèque ait enfin pris fin avec la décision du tribunal de le libérer et de l’assigner à résidence. Mais soyons clairs : l’assignation à résidence n’est pas la liberté. Il s’agit d’une autre forme de détention. Même si Jose Rubén Zamora ne sera heureusement plus derrière les barreaux, il restera arbitrairement privé de sa liberté pendant qu’il continue à se battre devant les tribunaux contre les affaires fallacieuses dont il fait l’objet. Nous demandons à nouveau que ce harcèlement judiciaire prenne fin immédiatement et que Jose Rubén Zamora soit libéré sans condition dans les plus brefs délais. »
Rebecca Vincent, RSF’s Director of Campaigns
Bien que l’assignation à résidence constitue une autre forme de détention, le transfert signifie que Jose Rubén Zamora peut s’attendre à des conditions bien meilleures que celles qu’il a connues en prison. Plusieurs organismes spécialisés, dont un groupe de rapporteurs spéciaux des Nations unies, ont documenté des preuves de conditions inhumaines et de mauvais traitements subies lors de sa détention.
Depuis chez lui, Jose Rubén Zamora continuera à se battre contre les poursuites judiciaires fallacieuses dont il fait l’objet – notamment la principale affaire de blanchiment d’argent, pour laquelle l’audience d’appel a déjà été reportée d’une année, et se déroulera dès lors en septembre 2025.
RSF fait campagne pour la libération de Jose Rubén Zamora depuis son arrestation en juillet 2022, avec de nombreuses missions au Guatemala et des visites à Jose Rubén Zamora en prison. Suite à l’investiture du président Bernardo Arévalo en janvier 2024 et à son engagement déclaré en faveur de la liberté de la presse, les représentants de RSF ont insisté à plusieurs reprises auprès de lui sur la nécessité pour son administration de soutenir la libération de Jose Rubén Zamora, notamment lors de réunions au Guatemala en juillet et à New York en septembre. Il a tweeté en réponse à la décision de justice du 18 octobre : « Jose Rubén Zamora rentre chez lui. La justice commence à arriver, le cercle sombre va prendre fin ».
Conférence de presse à Londres
RSF et Doughty Street Chambers tiendront une conférence de presse à Londres le 21 octobre, avec le fils de Jose Rubén Zamora, Jose Carlos Zamora, la directrice des campagnes de RSF, Rebecca Vincent, et l’avocat de Doughty Street Chambers, Caoilfhionn Gallagher KC, membre de l’équipe juridique internationale de Jose Rubén Zamora. Ces trois personnes interviendront également dans le cadre d’un panel lors de la conférence du Trust, le 22 octobre.
Le Guatemala est classé 138e sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2024 de RSF.