"L'assassinat [du journaliste] met en lumière le drame que vivent les journalistes locaux au Honduras. Lorsque la protection de l'État ne suffit pas à garantir leur sécurité, les conditions du libre exercice du journalisme deviennent critiques" - RSF
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 3 janvier 2024.
Le journaliste Francisco Ramírez a été abattu le 21 décembre 2023 à Danlí, une municipalité du sud-est du Honduras. Depuis le mois de mai, il était pourtant sous protection de l’État, après avoir survécu à une tentative d’assassinat. Reporters sans frontières (RSF), appelle les autorités à tout mettre en œuvre pour élucider ce crime et pour renforcer la sécurité des journalistes.
Reporter pour la chaîne de télévision locale Canal 24, Francisco Ramírez était bénéficiaire du mécanisme national de protection dédié notamment aux journalistes menacés. Le journaliste de 39 ans était accompagné en permanence d’un policier après avoir survécu à une tentative d’assassinat le 3 mai 2023. Ce jour-là, des hommes armés lui avaient tiré dessus à trois reprises. Les responsables de l’attaque ont été identifiés et arrêtés depuis.
S’il avait, par peur, cessé son activité professionnelle depuis cette date, le journaliste connu pour ses reportages sur les activités des groupes criminels dans la région, dont le narcotrafic qui gangrène le pays, restait menacé. Dans la nuit du 21 décembre, Francisco Ramírez, a été abattu alors qu’il circulait en voiture dans la ville de Danlí, à une centaine de kilomètres de la capitale Tegucigalpa, dans le département d’El Paraíso. Il a reçu cinq balles et est mort sur le coup. Le policier chargé de sa sécurité a quant à lui reçu deux balles. Transporté à l’hôpital, il est actuellement dans un état stable.
« L’assassinat de Francisco Ramírez met en lumière le drame que vivent les journalistes locaux au Honduras. Lorsque la protection de l’État ne suffit pas à garantir leur sécurité, les conditions du libre exercice du journalisme deviennent critiques. Il est impératif que les autorités mènent une enquête rigoureuse afin d’identifier et de condamner les auteurs et les commanditaires de ce crime. Une justice pleine et entière enverrait un message essentiel sur l’engagement du gouvernement à protéger les journalistes dans le pays. Il est également fondamental que le gouvernement examine toutes les lacunes du mécanisme de protection, en particulier dans l’analyse des risques et le type de mesure de protection octroyée aux journalistes, afin d’y remédier. »
Artur Romeu, Directeur du bureau Amérique latine de RSF
En août 2022, RSF avait exprimé son inquiétude quant aux conditions précaires et au démantèlement de l’équipe du Mécanisme national de protection au Honduras et la vague de licenciements opérée par le nouveau gouvernement. Ce crime démontre que les attaques contre la presse continuent de se multiplier et que ce mécanisme doit être renforcé.
Entre autres pistes d’amélioration, pour assurer des mesures efficientes et disposer d’un personnel suffisant et formé, le gouvernement doit, en premier lieu, augmenter le budget du mécanisme national de protection. De même, la participation de la société civile au sein du Conseil national de protection et du Comité technique – organe de délibération sur les cas –, doit être repensée afin de renforcer la légitimité de cette politique publique auprès de ses bénéficiaires. Quant aux délais et conditions d’adoption des mesures de protection mises en place par les forces de l’ordre, notamment pour les cas les plus graves, comme celui de Francisco Ramírez, ils doivent faire l’objet d’un véritable suivi.