87 exécutions ont été signalées après l’élection présidentielle, dont 29 en une seule journée.
Cet article a été initialement publié sur hrw.org le 20 août 2024.
Les autorités iraniennes auraient exécuté au moins 87 personnes au cours des quatre semaines qui ont suivi l’élection présidentielle tenue fin juin et début juillet, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Parmi les personnes exécutées figurait Reza (Gholamreza) Rasaei, un homme kurde arrêté lors des manifestations « Femmes, vie, liberté », tenues à travers le pays en 2022, suite à la mort en détention de Mahsa Jina Amini, 22 ans.
L’organisation non gouvernementale Iran Human Rights a signalé qu’en plus de la vague d’exécutions post-électorales, les autorités ont exécuté 29 détenus dans deux prisons, dans la matinée du 7 août. Il s’est agi de 26 personnes exécutées à la prison de Ghezel Hesar, et de trois personnes qui étaient détenues à la prison centrale de Karaj. Les 26 prisonniers exécutés avaient été reconnus coupables de « meurtre prémédité » (dans 17 cas), de délits liés à la drogue (dans 7 cas) et de « viol » (dans les cas de 2 ressortissants afghans). Cependant, Human Rights Watch a documenté depuis de nombreuses années de graves violations des procédures régulières et des procès inéquitables, devant des tribunaux iraniens.
« Les autorités iraniennes se livrent à une série choquante d’exécutions, tout en évoquant la récente élection présidentielle comme preuve d’un vrai changement », a déclaré Nahid Naghshbandi, chercheuse par intérim sur l’Iran à Human Rights Watch. « Mais pour que les slogans de la récente campagne aient un véritable sens, le nouveau président iranien, Masoud Pezeshkian, devrait intervenir d’urgence pour annuler les condamnations à mort déjà prononcées, instaurer un moratoire sur la peine capitale, et prendre des mesures pour réformer le système judiciaire. »
Le gouvernement iranien a depuis longtemps largement recours à la peine de mort, y compris en réponse à des manifestations au cours desquelles les personnes poursuivies et exécutées ne faisaient qu’exercer leurs droits fondamentaux à la liberté d’expression et de réunion pacifique. Human Rights Watch s’oppose à l’utilisation de la peine de mort en toutes circonstances, en raison de sa cruauté intrinsèque.
L’agence de presse des militants des droits humains iraniens (HRANA) a rapporté que les autorités ont exécuté Reza Rasaei le 6 août à la prison de Dizelabad, à Kermanshah, sans avertir au préalable sa famille, ni leur autoriser une dernière réunion.