Une trentaine de journalistes et journalistes-citoyens ont été convoqués, interrogés ou arrêtés en Iran lors des dernières semaines après avoir traité des inondations meurtrières qui ravagent le pays.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 28 avril 2019.
Une trentaine de journalistes et journalistes-citoyens ont été convoqués, interrogés ou arrêtés en Iran lors des dernières semaines après avoir traité des inondations meurtrières qui ravagent le pays. Reporters sans frontières (RSF) condamne fermement cette nouvelle vague de répression contre la presse.
Au moins 25 provinces iranniennes sont confrontées depuis le 22 mars à des inondations d’une ampleur inédite, faisant au moins 76 morts. Estimant que la gestion par les autorités de ce « phénomène sans précédent » a été calamiteuse, de nombreux internautes ont critiqués la lenteur des secours.
Alors que les réseaux sociaux ont souvent constitués la seule source d’information pour les victimes des inondations, le procureur général Mohammad Jafar Montazeri, a annoncé le 28 mars « que toutes les publications sur la question seraient considérées comme une atteinte à la sécurité nationale ». Le 13 avril, la cyber police iranienne (la FTA) de la province Khuzestan ( sud du pays) a annoncé l’arrestation de 24 personnes pour « publication de rumeurs et fausses informations destinées à troubler l’opinion publique ».
Les journalistes professionnels toujours sous pression ont fait de leur mieux pour couvrir et informer sur la situation en dénonçant parfois le manque de préparations de l’Etat face à un tel désastre. Plusieurs Journalistes ont été poursuivis par les milices et les Gardiens de la révolution et parfois même convoqués pour interrogatoire, notamment dans la région de Khuzestan.
Le 21 avril 2019, Mohamad Reza Nasab Abdolahi, le rédacteur en chef des sites d’informations Anar presse et Aban presse a été arrêté en pleine rue dans la ville d’Anar par les services de renseignements. Son domicile a été perquisitionné, son téléphone portable et ses affaires personnelles ont aussi été saisis. Sa famille ignore les motifs exacts de son arrestation et son lieu de détention.
« Même dans une crise de cette ampleur où les informations sont primordiales pour les populations touchées, les autorités iraniennes continuent de réprimer les journalistes » dénonce Reza Moini, le responsable du bureau Iran de RSF.
Mohamad Reza Nasab Abdolahi avait déjà été arrêté le 23 février 2005 et condamné à six mois de prison et à une amende d’un million de rials (environ 85 euros).
L’Iran se situe à la 170e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse 2019 de Reporters sans frontières.