“Dans le contexte des protestations contre le ‘deal du siècle’ en Cisjordanie, les journalistes palestiniens sont en première ligne", rappelle RSF.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 11 février 2020.
Au moins 16 journalistes palestiniens ont été blessés ou empêchés de couvrir les protestations contre le plan de paix du président américain. Reporters sans frontières (RSF) dénonce ces entraves au travail journalistique et appelle à la vigilance des autorités face au regain de tensions.
Depuis la présentation par le président Donald Trump du plan de paix entre Israël et Palestine surnommé le “deal du siècle”, il y a deux semaines, RSF a recensé 16 cas de journalistes entravés dans leur couverture des manifestations qui se sont déroulées en Cisjordanie suite à cette annonce.
Selon des informations recueillies par l’organisation, cinq journalistes ont été blessés lors d’affrontements entre les forces de sécurité israéliennes et les manifestants entre le 28 janvier, date de présentation du plan, et le 11 février. A Hébron, le journaliste indépendant Abdul Mohsen Shalaldeh a notamment été touché à la tête; à Bethléem, le journaliste de Reuters Mohammed Abu Ghanieha été blessé au ventre ; à Qalqilya, le photographe de Jmedia Tarek Youssef a été également blessé au pied par des tirs de balle en caoutchouc.
Des reporters ont également été victimes de tirs de bombes lacrymogènes : le caméraman de la chaîne Alaraby, Mounir Rabih, et celui d’Al Jazeera, Raji Asfour, ont perdu connaissance après une exposition prolongée au gaz dans la ville d’Al-Bireh.
“Dans le contexte des protestations contre le ‘deal du siècle’ en Cisjordanie, les journalistes palestiniens sont en première ligne, rappelle Sabrina Bennoui, responsable du bureau Moyen-Orient à RSF. Les tensions actuelles les rendent d’autant plus vulnérables, pourtant ils ne font que leur travail d’information et ne peuvent en aucun cas être assimilés à des manifestants. Une attention toute particulière doit leur être accordée pour leur permettre de réaliser leur mission d’information en relative sécurité.”
Par ailleurs, les forces de l’ordre israéliennes ont interpellé deux journalistes dans le nord de la vallée du Jourdain. Le caméraman d’Al Arabiya Osama Nasrallah et un photojournaliste indépendant, qui n’a pas souhaité donner son nom, ont été détenus pendant plusieurs heures avant d’être relâchés. Les témoignages rassemblés par RSF font également état d’autres types d’entraves imposés par l’armée israélienne : des journalistes expliquent avoir été menacés verbalement ou poussés violemment par des soldats israéliens, ou se sont vus interdire de filmer ou de photographier.
Israël et la Palestine occupent respectivement la 88e et la 137e place au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.