(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF: France – Cuba Visite officielle en France de Felipe Perez Roque, Ministre cubain des Affaires étrangères (19-21 janvier 2000) La FIDH et RSF dénoncent la détérioration de la situation des droits de l’homme à Cuba A l’occasion de la visite officielle de trois jours que Felipe […]
(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF:
France – Cuba
Visite officielle en France de Felipe Perez Roque, Ministre cubain des Affaires étrangères (19-21 janvier 2000)
La FIDH et RSF dénoncent la détérioration de la situation des droits de l’homme à Cuba
A l’occasion de la visite officielle de trois jours que Felipe Perez Roque, ministre cubain des Affaires étrangères, effectue en France, la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) et RSF dénoncent la détérioration de la situation des droits de l’homme et de la liberté de la presse à Cuba en 1999. Les deux organisations dénoncent également l’interdiction faite à RSF de se rendre sur l’île.
La FIDH et RSF s’inquiètent de la multiplication des interpellations d’opposants et de l’augmentation du nombre des prisonniers politiques en 1999. Au cours de cette année, les autorités ont procédé aux vagues d’interpellations « les plus importantes de la décennie » d’après Elizardo Sánchez, président de la Commission cubaine pour les droits de l’homme et la réconciliation nationale (CCDHRN). D’après cette organisation non reconnue mais tolérée par les autorités cubaines, pour les seuls mois de novembre et décembre, pas moins de 260 opposants pacifiques ou journalistes indépendants ont été arrêtés et près de 200 autres placés en résidence surveillée. Toujours d’après la CCDHRN, le chiffre des prisonniers politiques est ainsi passé de 339 au terme de l’année 1998 à 344 un an plus tard, un renversement de tendance après plusieurs années de baisse continue. Quelques mois plus tôt, les quatre dissidents les plus célèbres de l’île avaient été condamnés, lors d’un procès à huis clos, à des peines de prison allant de trois ans et demi à cinq ans de prison. Dans un texte publié en juin 1997 et intitulé « La Patrie appartient à tous », Vladimiro Roca, Marta Beatriz Roque, René Gomez Manzano et Félix A. Bonné Carcasés, avaient critiqué le régime et demandé des réformes démocratiques.
Les deux organisations internationales de défense des droits de l’homme dénoncent également l’entrée en vigueur, en mars 1999, d’une nouvelle législation particulièrement restrictive destinée à combattre la dissidence politique et la presse indépendante au nom de la « protection de l’indépendance nationale et de l’économie de Cuba » contre la politique des Etats-Unis. Cette loi prévoit jusqu’à vingt ans de prison et de lourdes peines d’amendes pour toute personne qui diffuserait des informations « de nature subversive » dans le but de « rompre l’ordre constitutionnel, déstabiliser le pays et liquider l’Etat socialiste et l’indépendance de Cuba ». La collaboration avec des médias étrangers est sanctionnée par des peines de deux à cinq ans de prison.
Cette loi menace particulièrement les journalistes indépendants et les défenseurs des droits de l’homme. A Cuba, où la Constitution stipule que « la liberté de parole et de la presse est soumise aux buts de la société socialiste », seule la presse officielle est autorisée. Une centaine de journalistes indépendants, regroupés dans une dizaine d’agences de presse non reconnues par l’Etat, font l’objet d’un harcèlement constant. En 1999, quatre d’entre eux ont dû s’exiler, cinquante ont été interpellés, quarante-et-un placés en résidence surveillée et quatre sont toujours incarcérés. Il s’agit de Bernardo Arévalo Padron, Manuel Antonio González Castellanos et Leonardo Varona González, tous trois condamnés pour « outrage » au chef de l’Etat à des peines allant de seize mois à six ans de prison, et Jesús Joel Díaz Hernández, arrêté le 18 janvier 1999 et condamné, le lendemain, à quatre ans de prison pour « dangerosité sociale ».
Enfin, la FIDH et RSF s’inquiètent des conditions de détention des prisonniers politiques. Plusieurs d’entre eux souffriraient de mauvais traitements et ne recevraient pas les soins qu’exige leur état de santé. Parmi eux Francisco Chaviano González condamné à quinze ans de prison en 1994 pour « révélation de secrets d’Etat ». Il souffre d’un ulcère, d’arthrite et de problèmes respiratoires. Il aurait été passé à tabac à plusieurs reprises par des agents de la prison, provoquant notamment une fracture du tibia. Les deux organisations dénoncent l’interdiction faite à RSF de pouvoir étudier les violations de la liberté de la presse in situ. Lorsque, en juillet 1996, un représentant de RSF a souhaité se rendre sur l’île, il a été expulsé dès son arrivée à l’aéroport de La Havane. D’autres organisations, telle qu’Amnesty International, souffrent de la même interdiction.