La FIJ rejette la responsabilité de cette violence croissante contre les médias sur les gouvernements qui ne respectent pas leurs obligations internationales.
(FIJ/IFEX) – Le 31 décembre 2011 – La Fédération Internationale des Journalistes (FIJ) a interpellé aujourd’hui le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, pour qu’il prenne des mesures énergiques contre les gouvernements des pays les plus dangereux pour les journalistes. Cet appel est lancé alors que la Fédération vient de publier sa liste annuelle de 106 journalistes et personnel des médias tués au cours de 2011.
La FIJ soutient que 2011 a été une année meurtrière pour les journalistes et rejette la responsabilité de cette violence croissante contre les médias sur les gouvernements qui ne respectent pas leurs obligations internationales. Dans sa lettre au Secrétaire général de l’ONU, la Fédération plaide pour l’application efficace des dispositions légales internationales visant à combattre l’impunité pour les crimes contre les journalistes.
« Force est de constater que la violence meurtrière contre les journalistes n’est pas juste due aux conflits dans le monde, mais est bien, dans plusieurs pays, un cycle régulier où les journalistes sont pourchassés, ciblés et tués par les ennemis de la liberté de la presse », selon la lettre de la FIJ signée par son Président, Jim Boumelha. « Quand les gouvernements refusent de reconnaitre ou ne prêtent aucun intérêt à ce qui est devenu une tendance régulière de meurtres ciblant les journalistes, il est de votre devoir et celui des Nations Unies de leur rappeler leur obligation de protéger les journalistes ».
La liste de cette année confirme que les journalistes sont parmi les principales victimes de la violence dans les conflits armés, les tensions ethniques et religieuses ou les soulèvements politiques qui ont éclaté dans plusieurs pays durant ces douze derniers mois. Les professionnels des médias sont exposés à de sérieux risques, souvent avec des conséquences tragiques alors qu’ils assurent depuis la ligne de front la couverture des conflits, comme au Pakistan et dans le monde arabe, ou la répression de la criminalité dans les parties livrées à l’anarchie du Mexique. Dans tous ces endroits, les journalistes sont considérés comme des témoins gênants.
La liste de la FIJ, établie en coordination avec l’International News Safety Institute (INSI), fait état de 106 journalistes et personnel des médias tués en 2011, contre 94 retenus l’année dernière. 20 autres journalistes et leurs collaborateurs sont morts dans des accidents et incidents causés par des désastres naturels.
Selon la FIJ, la violence ne cible pas uniquement les journalistes mais aussi leurs collègues dans tous les secteurs d’activités médiatiques, notamment les cameraman, les chauffeurs, les facilitateurs ainsi que le personnel d’appui. La Fédération tient à répertorier toutes ces victimes pour souligner l’importance de leur rôle dans la collecte d’informations et la couverture médiatique.
La culture de l’impunité s’est fermement ancrée dans plusieurs parties du monde du fait que les gouvernements ont systématiquement failli à leur obligation de protéger les journalistes et de punir ceux qui sont responsables des violences à leur encontre. Cela a contribué à l’augmentation du nombre de meurtres de journalistes, estime la FIJ. Face à cette situation et de concert avec la communauté de défenseurs de la liberté de la presse, la Fédération a organisé pour la première fois, le 23 novembre 2011, la Journée internationale contre l’impunité pour les crimes ciblant les journalistes.
« Les statistiques de cette année démontrent que la violence contre les travailleurs des médias continue de sévir », a ajouté Stephen Pearse, Secrétaire général adjoint de la FIJ. « Nous devons donner un message fort pour exiger des mesures appropriées en vue d’arrêter la violence et le bain de sang ».
En date du 31 décembre, la FIJ a enregistré les cas ci-dessous de meurtres de journalistes et personnel des médias en 2011:
Assassinats et homicides: 106
Morts accidentelles: 20
Total des morts: 126
La région la plus meurtrière au cours de 2011 a été le Moyen-Orient et le Monde arabe avec 32 journalistes et personnel des médias tués. L’Irak détient le record de la région avec 11 morts.
Les pays les plus dangereux pour les journalistes sur base du nombre de victimes sont les suivants:
Irak: 11
Pakistan: 11
Mexique: 11
Les Philippines: 6
Libye: 6
Yémen: 6
Honduras: 5
Inde: 5