Le TMG de l'IFEX se dit extrêmement alarmé par une série de violations contre le droit d'accès à l'information, la libre expression et la liberté de mouvement, ainsi que par une agression flagrante contre un journaliste.
(IFEX-TMG) – Le Groupe d’observation de la Tunisie organisé par l’Échange international de la liberté d’expression (TMG de l’IFEX), une coalition de 20 groupes membres de l’IFEX, se dit extrêmement alarmé par une série de violations commises au cours de la dernière semaine en Tunisie contre le droit d’accès à l’information, la libre expression et la liberté de mouvement, ainsi que par une agression flagrante contre un journaliste.
Le 19 décembre, dans la banlieue de Tunis, la capitale, des agents de sécurité en civil ont assiégé les domiciles des membres élus légitimement du Bureau de l’Association des magistrats tunisiens (AMT) et empêché un juge indépendant, Hamadi Rahmani, de se rendre là où se tenait l’assemblée générale du bureau de l’AMT inféodé au gouvernement.
Le TMG de l’IFEX considère la manipulation politique du système judiciaire comme une menace importante à la libre expression en Tunisie, qui rend possible pour l’État d’emprisonner ou de poursuivre les journalistes indépendants comme Fahem Boukaddous et Mouldi Zouabi.
Le Bureau légitime de l’AMT, dissous en 2005 et dont les membres sont persécutés depuis lors pour avoir demandé que la magistrature tunisienne soit rendue conforme aux normes internationales, a rendu publique le 20 décembre une déclaration condamnant le siège policier de leur domicile au cours du week-end.
« L’ingérence dans leur vie privée » de l’état Tunisien et « l’obstruction faite à leur droit de se déplacer dépasse toutes les limites légales et morales concernant le traitement des membres de l’association légitime, qui défendent l’indépendance de la magistrature, » ont-ils déclaré.
Rohan Jayasekera, président du TMG de l’IFEX et directeur général adjoint de Index on Censorship, a dit qu’il s’attendait à ce que l’État ferme les yeux sur les objections du Bureau légitime de l’AMT. « Tandis que la persécution des magistrats indépendants continue, les autorités tunisiennes n’arrêtent pas de prétendre que la question du contrôle du système judiciaire est trop inhérente au fonctionnement de ce système pour que le régime s’en occupe, » a-t-il ajouté.
Le TMG de l’IFEX presse l’UE de jouer un rôle plus actif pour inciter son partenaire économique à respecter la libre expression, à mettre fin aux violations des droits des journalistes et des magistrats indépendants et à se conformer intégralement à son engagement à respecter l’indépendance de la justice.
Aussi cette dernière semaine, le 17 décembre, le journaliste Zouhair Makhlouf, d’Assabilonline, a été violemment agressé devant sa famille près de chez lui tandis qu’il s’apprêtait à aller couvrir les manifestations de protestation dans la ville de Sidi Bouzid, au sud de Tunis. Les agents de la police harcèlent d’autres journalistes et les empêchent de couvrir les manifestations de protestation.
La presse internationale rapportait qu’un grand nombre de personnes avaient été arrêtées à la suite des protestations, qui ont été réprimées par la police. Ces émeutes contre le chômage avaient éclaté après qu’un jeune marchand ambulant se fut immolé par le feu pour dénoncer la police qui avait saisi ses marchandises. Les médias locaux ne tenaient généralement aucun compte des protestations.
Enfin, et pour rester dans la même veine des violations récurrentes et de la censure de l’Internet par les autorités, la page Facebook du TMG de l’IFEX ( http://www.facebook.com/IFEXTMG ) est elle aussi censurée en Tunisie; les visiteurs reçoivent le message d’erreur « 404 not found « . Quant au site web du TMG de l’IFEX ( http://ifex.org/tunisia/tmg/ ), il est déjà censuré en Tunisie.
« Nous invitons l’UE à jouer un rôle de premier plan au cours de la prochaine année en demandant fermement aux autorités tunisiennes de respecter l’engagement qu’elles ont pris dans l’accord de partenariat qu’elles ont signés il y a près de quinze ans avec l’UE de respecter les droits de la personne, » a dit Jayasekera. « L’UE devrait veiller à ce que cet engagement soit respecté avant d’envisager d’élargir le cercle de ce partenariat. Il y va de son intérêt, aussi bien que celui de la Tunisie. »
Voir l’engagement de Jayasekera pour Index on Censorship à http://bit.ly/g5r7h6 .