Isolées sur la scène internationale, les autorités persistent à censurer tout discours contraire au leur, en emprisonnant net-citoyens et journalistes, témoins des violences contre les manifestants, dit RSF.
(RSF/IFEX) – Le 17 août 2011 – « Le régime de Bachar Al-Assad s’est enfermé dans une folie répressive qui, nous le craignons, a atteint un point de non retour. Isolées sur la scène internationale, notamment après le rappel de nombreux ambassadeurs arabes et les pressions exercées par la communauté internationale, les autorités persistent à censurer tout discours contraire au leur, en emprisonnant net-citoyens et journalistes, témoins des violences contre les manifestants. Nous voulons encore les convaincre que la vérité ne peut pas être étouffée et que la politique choisie ne peut que mener à l’impasse. Le respect de la liberté d’expression et de la presse est la seule issue », a déclaré Reporters sans frontières.
L’organisation continue de recenser les violences et les arrestations arbitraires contre toutes personnes qui tentent d’informer sur la réalité en Syrie.
Nous condamnons les poursuites judiciaires engagées contre le journaliste Eyad Shorbaji, dont le procès s’ouvre aujourd’hui, le 17 août 2011, à Damas, sans aucun mobile ou chef d’accusation connus.
La maison familiale de Moussa Al-Omar, présentateur d’Al-Hiwar TV, chaîne basée à Londres, a été attaquée par les services de sécurité à Damas le 11 août dernier. Le journaliste avait reçu à plusieurs reprises pour son émission plusieurs figures de l’opposition syrienne. Cette attaque illustre la coordination entre les diplomates syriens et les services de sécurité dans leur pratique d’intimidation contre les opposants expatriés.
Reporters sans frontières a également appris l’arrestation de Myriam Haddad, journaliste du magazine Mouqarabat, enlevée le 11 août au Havana café, dans le centre de la capitale. Le même jour, à Suweida, dans le sud du pays, des représentants des services de renseignements ont arrêté le journaliste Sami Al-Halabi, après l’avoir violemment frappé. De plus, le blogueur Jehad Jamal, plus connu sous le pseudonyme de « Milan », et qui a déjà effectué plusieurs séjours en prison, a quant à lui été incarcéré le 4 août. Les conditions de son arrestation restent inconnues.
Reporters sans frontières exprime sa plus vive inquiétude quant à la détention de quatre autres journalistes syriens. En effet, le 4 août dernier, ont été arrêtés Ebaa Monzer, chroniqueuse économique au journal Baladna, Omar Al-Assad, collaborateur des quotidiens As-Safir, Al-Hayat et de la chaîne Al-Jazeera, déjà arrêté depuis le début du soulèvement populaire, ainsi que les blogueurs Rudy Othman et Asim Hamsho. Ce dernier a été soumis, après son arrestation, à la torture au siège des moukhabarat de Maysat, au nord de la ville. Tous ont été enlevés dans la matinée par les services de sécurité intérieure dans un café de Jaramana, dans la banlieue sud de Damas. Seule Ebaa Monzer aurait été libérée depuis mais l’organisation reste sans nouvelles des trois autres journalistes ainsi que de Hanadi Zahlout, journaliste indépendante, disparue depuis le 25 juillet.
L’organisation prend acte de la libération le 6 août dernier de l’écrivain et journaliste Omar Kouch, détenu depuis le 2 mai, mais rappelle que sept autres journalistes et blogueurs demeurent à l’heure actuelle derrière les barreaux.
Dans ce contexte de répression extrême, les nouvelles technologies représentent l’unique moyen de contourner la propagande du régime syrien. Au même titre que les journalistes, les net-citoyens représentent une cible privilégiée des services de renseignement.
C’est ainsi que Abd Qabani a été arrêté le 8 août dans la capitale, et que Ahmed Samir Naji a disparu alors qu’il se rendait au travail à bord de sa voiture le même jour. Le blogueur et activiste Fadi Zeidan a été arrêté le 4 août pour avoir couvert une manifestation dans le quartier de Sha’laan, au centre de Damas; il a été relâché deux jours plus tard.
Le net-citoyen Ammar Sa’ib a quant à lui été arrêté dans le quartier de Qasaa à l’est de la capitale, le 1er août, dans des circonstances encore inconnues.