"Nous nous approchons de la fin de la presse indépendante au Yémen," déplore RSF.
(RSF/IFEX) – « Le pouvoir a aujourd’hui révélé son visage. Chaque semaine, tous les mardis depuis le mois d’avril, notre ONG Women Journalists without Chains organise un sit-in, place de la Liberté à Sanaa. Chaque semaine, plusieurs centaines de citoyens, journalistes et intellectuels se rassemblent pour défendre la liberté d’expression, en évoquant tous les sujets qui leur sont chers. Sans relâche, malgré les violences policières, nous luttons pour obtenir des informations sur le journaliste kidnappé Muhammad Al-Maqalih et soutenir sa famille. Nous avons également demandé la réouverture du journal indépendant « Al-Ayyam » et la libération des journalistes Fouad Rachid, directeur du site Al-Mukalla Press, et Salah Al-Saqladi, directeur du site d’informations Adengulf-website. La police a violemment mis fin, le 6 octobre, à notre manifestation pacifique sous le motif que nous n’avions pas d’autorisation délivrée par le ministère de l’Intérieur. Des policiers ont tenté de confisquer nos appareils photo et cassé notre caméra. Nous sommes plusieurs à avoir été blessés. Les autorités considèrent nos actions comme un appel à la révolution qui met en péril la République. Les sit-in ont été empêchés durant le mois de Ramadan. Tout cela est inadmissible. Ces méthodes insultent la Constitution du pays. Allons-nous continuer les sit-in? Oui, avec encore plus de force. Nous résisterons pour rétablir les libertés fondamentales et celles des journalistes car le pouvoir a fermé tous les moyens d’expression et d’information existant au Yémen », a témoigné Tawwakol Karman, présidente de l’organisation Women Journalists without Chains.
« Nous nous approchons de la fin de la presse indépendante au Yémen. La volonté des autorités d’interdire ce sit-in hebdomadaire constitue l’ultime étape dans la persécution des journalistes afin d’imposer le black-out médiatique sur ce qui se passe dans le pays », a déploré Reporters sans frontières.
« Nous exprimons notre inquiétude sur le sort du journaliste Muhammad Al-Maqalih, enlevé depuis trois semaines », a ajouté l’organisation.
Les autorités refusent de divulguer des informations concernant sa situation actuelle ou de coopérer dans l’organisation des recherches.